Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 04 octobre 2017

Les traditions suisses ne doivent pas être envahies par le droit de l’UE

TS-1.jpg

Les traditions suisses ne doivent pas être envahies par le droit de l’UE

Une leçon tirée de la session parlementaire d’automne

par Marianne Wüthrich, docteur en droit

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

L’exemple de la directive de l’UE concernant le durcissement de la législation sur les armes par le Parlement et le Conseil européens est actuellement un excellent exemple pour illustrer les conséquences concrètes qu’aurait un «accord-cadre institutionnel» – c’est-à-dire l’assujettissement de la Suisse au droit et à la jurisprudence de l’UE – sur notre pays. Comme l’auteure de cet article n’est pas une experte en armes, juste quelques mots sur le contenu de la directive: en réaction aux attentats terroristes de 2015 à Paris, les dirigeants de l’UE ont, au printemps 2017, fortement restreint la possession privée d’armes à feu, et notamment d’armes militaires. Les Etats membres ont maintenant 15 (!) mois pour transposer cette directive modifiée. Les chasseurs, les tireurs sportifs, les collectionneurs et les musées de nombreux pays membres se sont néanmoins battus pour obtenir quelques exceptions.1

 

Cette directive européenne sur les armes a été traitée au Conseil national en mars 2017 et au Conseil des Etats dans la session d’automne qui vient de se terminer. Une motion du Conseil national a demandé au Conseil fédéral de prendre contact avec les Etats de l’UE combattant également les modifications de cette législation pour soutenir au mieux la résistance à un durcissement de la législation suisse sur les armes.2
Vous vous demandez certainement ce que la Suisse a à faire avec la directive bruxelloise sur les armes. Pourquoi devons-nous nous défendre contre la menace de l’abolition de notre tradition de tir? Ce sont ces questions que je me suis également posées.

«Développer l’acquis de Schengen»: qu’est-ce que cela signifie concrètement?

Au mois de mars, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga l’a expliqué au Conseil national et donc également à nous citoyens: «L’ajustement de la directive de UE sur les armes présente un développement de l’acquis de Schengen et vous savez: l’association à Schengen/Dublin a fait l’objet d’un vote populaire, c’est donc un mandat populaire pour notre participation à Schengen/Dublin. A ce moment là, nous savions très bien à quoi il fallait s’attendre. Nous avions longuement discuté le fait que la Suisse était fondamentalement tenue d’adopter, dans le cadre de l’acquis de Schengen, les développements ultérieurs et de les transposer dans le droit interne. Il ne s’agit pas d’une reprise automatique.» [souligné par mw.]3
Saviez-vous à l’époque quels étaient les enjeux exacts de l’adhésion de la Suisse à l’accord de Schengen/Dublin? Moi, je ne les connaissais pas en détails. Qui pouvait connaître il y a 12 ans, les nouveaux décrets décidés à l’avenir par Bruxelles? C’est pourquoi j’ai voté Non le 5 juin 2005.
Dans la brochure «Schengen/Dublin en bref»,4 le lecteur intéressé peut lire sur 19 pages ce qu’inclut cet accord et comment il règle la «coopération internationale en matière de sécurité intérieure et d’asile». Par exemple, Schengen établit «des règles minimales dans la lutte contre le trafic de drogue et d’armes à feu» avec une adaptation de la législation suisse relative aux armes, «sans pour autant remettre en question les traditions suisses liées à la chasse, au tir ou à la collection. [p. 14; souligné par mw.] Je répète ma question: connaissiez-vous à l’époque tous les détails de ce que Schengen/Dublin signifierait pour l’Etat de droit suisse et la démocratie directe? Mme Sommaruga, en était-elle consciente?

Discussions inefficaces d’un Parlement sans pouvoir de décision

Après une éventuelle acceptation d’un accord-cadre institutionnel avec Bruxelles, la procédure législative suisse serait la suivante: le 15  mars 2017, le Conseil national débat de la motion 16.3719 demandant au Conseil fédéral simplement de s’engager «dans l’intérêt du peuple pour un droit libéral sur les armes correspondant à nos traditions suisses». L’auteur de la motion peut même se référer à une votation populaire, à savoir le rejet de l’initiative populaire «Pour la protection face à la violence des armes», rejetée par le peuple suisse le 13 février 2011 avec 56,3% des suffrages exprimés. L’acceptation de cette initiative aurait signifié que les soldats suisses n’auraient plus pu conserver leurs fusils d’assaut à la maison: la majorité du peuple n’en a pas voulu.
Le 15 mars de cette année, Mme Sommaruga a également assuré qu’elle s’est engagée dans le sens de la motion que «la poursuite de la tradition suisse du tir sportif est possible. Il est connu que les tireurs sportifs utilisent souvent leur ancienne arme militaire. La Suisse s’est donc engagée pour qu’elle puisse être gardée chez soi à la fin de l’obligation de servir. Nous avons atteint cet objectif». [souligné par mw. et remarque: le Conseil fédéral peut donc de temps à autre ramener un succès de Bruxelles? Il faut retenir cela pour d’autres litiges!] Par conséquent, le Conseil national ne risque rien en acceptant la motion, car le Conseil fédéral a déjà atteint tout ce qui était possible à Bruxelles; mais il faut encore transposer la directive de l’UE dans le droit interne. Le Conseil national ne veut cependant pas patienter jusqu’à la présentation du projet futur de la mise en œuvre de cette loi: il accepte la motion avec 118 oui contre 58 non et 3 abstentions.5
Le 11 septembre 2017, le Conseil des Etats a par contre rejeté la motion avec 29 contre 13 voix et 2 abstentions après que la conseillère fédérale Sommaruga ait déclaré: «Indépendamment de votre acceptation ou rejet – le plus important est que nous soyons d’accord sur le contenu. Que vous acceptiez ou rejetiez cette motion ne changera rien au développement futur.»
Cela ressemble déjà beaucoup à ce qui se passe dans les Parlements des Etats membres de l’UE n’ayant plus guère de pouvoir: les Chambres fédérales peuvent dire Oui ou Non, cela n’a que peu d’importance. Car, Madame la Conseillère fédérale leur explique «quel sera le développement futur»: «Nous allons transposer cette directive, sinon […] la fin de Schengen/Dublin interviendrait automatiquement. Cela, n’entre pas en ligne de compte.» En passant, le citoyen attentif apprend que la décision à ce sujet est prise depuis longtemps: le Conseil fédéral a déjà «précisé envers l’UE que nous allons transposer la directive, et nous devons le faire dans les trente jours.»6
La recommandation adressée à nos concitoyennes et concitoyens ainsi qu’aux parlementaires que nous avons élus est la suivante: il est suffisamment grave, qu’il y ait à Berne, aujourd’hui déjà, suite à nos liens actuels avec l’UE, de tels débats parlementaires sans contenus. Si nous ne voulons pas qu’à l’avenir le Parlement suisse ait de moins en moins de décisions à prendre, il faut absolument rejeter tout «accord-cadre institutionnel» à la Bruxelloise!»     •

1        cf. Neue Verbote. EU-Parlament verschärft Waffenrecht – offener Streit auf Pressekonferenz. Spiegel online du 14/3/17
2    16.3719 Motion Salzmann Werner. Nous ne nous laisserons pas désarmer par l’UE!
3    16.3719 Motion Salzmann Werner. Débats au Conseil national du 15/3/17
4    Deuxième édition 05.2011. https://www.eda.admin.ch/dam/eda/fr/documents/publication... 
5        16.3719 Motion Salzmann Werner. Débats au Conseil national du 15/3/17
6    16.3719 Motion Salzmann Werner. Débats au Conseil des Etats du 11/9/17

TS-2.jpg

Maintien des traditions nationales ou davantage de contrôle sur le citoyen?

«En ce qui concerne la reprise des nouvelles directives sur les armes, il faut également prendre en compte les exigences et les besoins du tir traditionnel hors service, des tireurs et des chasseurs. Nous avons récemment déjà adapté et passablement renforcé la législation sur les armes.»

Josef Dittli, conseiller aux Etats PLR et ancien directeur de la Sécurité du canton d’Uri, le 11 septembre 2017 au cours des débats au Conseil des Etats

mw. A réfléchir pour tous les Européens: il est tout simplement impensable que la machinerie à légiférer de la bureaucratie bruxelloise puisse prendre en considération les traditions de la Suisse, des 28 pays membres de l’UE et des trois Etats de l’EEE. Par ailleurs, la centrale bruxelloise poursuit de tout autres objectifs: pour la diversité culturelle, on ne trouve pas de place dans l’Etat unitaire avec sa législation uniforme prévue pour l’avenir, mais certainement pour le contrôle numérique illimité des populations. A ce même but sert le contrôle accru de l’acquisition et de la possession d’armes – bien qu’il soit plutôt rare que pour perpétrer leurs attaques, les terroristes achètent leurs armes dans un magasin …

Qui décide de la politique en Allemagne?

DeutVSA.jpeg

Qui décide de la politique en Allemagne?

Réflexions sur les élections au Bundestag

Nouvelle analyse sur l’influence du «Council on Foreign Relations» américain

par Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Quasiment pendant toute l’année pré-électorale, la chancelière allemande a rassassé que les Allemands «n’ont jamais vécu dans d’aussi bonnes conditions que maintenant». C’était la devise de ses apparitions publiques … et le fil rouge de ses réponses aux questions des citoyens. Les questionneurs invités par les chaînes de télévision étaient vite satisfaits, et y étaient probalement forcés … aucune question ne pouvait être discutée à fond lors de telles mises en scènes. Les émissions faisaient plus ou moins partie du spectacle manipulé de la «campagne électorale».

L’Allemagne orientale est plus consciente de la réalité

Lors des apparitions publiques sans présélection des questions, la situation était différente, en Allemagne orientale même très différente. Les Allemands vivant dans les Länder de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Brandenbourg, Saxe-Anhalt, Saxe et Thuringe semblent plus conscients de la réalité que leurs concitoyens occidentaux – et il n’est pas juste de réduire leur protestation à un jet de tomates.
Beaucoup d’entre eux font partie de ceux qui ont des salaires bas et ils savent, par exemple, que les salaires des 40% du bas de l’échelle des revenus au cours des 25 dernières années sont restés nettement derrière la progression des salaires des 60% du haut de l’échelle. Ils savent également qu’ils doivent en partie accepter des baisses dans les salaires réels.1 Même le Deutschlandfunk a commenté une semaine avant les élections: «Chez cette clientèle, les messages programmatoires des partis ont probablement les mêmes effets que les paroles de la SED» … et d’ajouter, «la plupart des moyens publicitaires utilisés pour la campagne électorale dans la rue sont aussi vides de contenus que rarement auparavant».

La politique étrangère est un sujet tabou pour la «chancelière des alliés occidentaux»

Fait étonnant, la politique étrangère de l’Allemagne n’a – à l’exception du thème problématique concernant la Turquie – presque jamais été soulevée dans la campagne électorale. Maintien de la paix, entente entre les peuples, droit international public … presque nul. Au moins dans la campagne électorale publique. Est-ce un hasard? Un manque d’intérêt? Ou bien cela fait-il partie du spectacle?
Revenons à l’Allemagne de l’Est. Beaucoup de personnes y sont intéressées à maintenir une bonne relation avec la Russie, acceptent difficilement les sanctions contre la Russie, se réjouissent du gazoduc Nord-Stream 2, se réjouiraient probablement aussi de la «Nouvelle route de la soie» – si elles en étaient informées soigneusement. Peut-être se sont-elles également demandé si le déroulement de la campagne électorale allemande n’était pas planifié ainsi depuis belle lurette. Il fallait à tout prix que Merkel reste chancelière, c’était clair après la victoire de Donald Trump, c’était et c’est toujours dans l’intérêt de l’«Etat profond» americain. «Chancelière des alliés occidentaux!» – aujourd’hui ce serait probablement la dénomination la plus correcte.

Le rôle du CFR

Les véritables bureaux de planification ne se trouvent vraisemblablement pas en Allemagne. Beaucoup plus importante pour l’Allemagne est probablement une organisation américaine s’appelant Council on Foreign Relations, sigle: CFR. Début septembre une institution suisse très méritoire, nommée Swiss Propaganda Research, a publié une importante étude: «Die Propaganda-Matrix: Wie der CFR den geostrategischen Informationsfluss kontrolliert».2 [La matrice de la propagande: la manière de laquelle le CFR contrôle le fleuve géostratégique des informations]
Cette analyse doit absolument être étudiée par tout groupe de personnes (citoyens, écoles, séminaires etc.) ou tout individu désirant affiner leur sens de la réalité.
Ce qui est formulé en introduction est confirmé au cours de la lecture: «Qu’il s’agisse de la Russie, de la Syrie ou de Donald Trump: pour comprendre le récit géopolitique des médias occidentaux, il est obligatoire de connaître le rôle-clé du CFR américain. Par la suite, il est présenté pour la première fois comment le réseau du CFR a créé un cycle d’information transatlantique très fermé dans lequel presque toutes les sources et points de référence importants sont contrôlés par des membres du CFR et ses organisations de propagande.»

Jusqu’aujourd’hui: l’hégémonie mondiale américaine doit être garantie

L’analyse informe sur l’histoire du CFR et son but d’assurer l’hégémonie américaine mondiale. Depuis la fondation du CFR en 1921, on a créé une institution pour un «empire américain global, dont les positions-clé sont occupées depuis ce moment-là presque entièrement par les actuellement environ 5000 représentants du CFR».
L’étude démontre de manière bien documentée et claire par des graphiques bien lisibles comment non seulement les médias allemands sont intégrés dans le réseau du CFR mais aussi des organisations non gouvernementales, des soi-disants laboratoires d’idées et des experts, l’armée, les services secrets, des gouvernements, des agences de presse, des bureaux de relations publiques et certains journalistes – sans oublier un certain nombre d’acteurs connus.

Ce qui rend optimiste

Pourtant déjà le dernier paragraphe de l’introduction rend optimiste: Le CFR a bien créé une «matrice de l’information nettement supérieure à la propagande gouvernementale classique des Etats autoritaires». Mais «grâce au succès des médias indépendants [elle perd] de plus en plus en efficacité».
A la fin de l’étude on peut lire: «Grâce à Internet, […] on a la possibilité de diffuser des informations de manière décentralisée et bon marché et de contourner ainsi les «gardiens» du CFR. Entretemps, il existe aussi dans l’espace germanophone [et français, ndt.] un grand nombre de médias et de plates-formes financés par les lecteurs, interrogeant de manière critique les narratifs conventionnels et permettant ainsi de prendre connaissance de points de vue divergents». On y trouve également d’autres liens intéressants.

Tout dépend des citoyens

Donc: combien de temps encore le système Merkel fonctionnera-t-il? Il ne faut pas faire dépendre la réponse de Mme Merkel elle-même. Elle dépendra surtout de nous citoyens. Quiconque s’informe peut comprendre quel spectacle est mis en scène. Personne ne doit tout savoir pour comprendre: il est totalement aberrant d’affirmer que les Allemands «n’ont jamais vécu dans d’aussi bonnes conditions que maintenant». Le nombre et le poids des tâches sont énormes. Le mildiou que Madame Merkel a tenté de répandre sur le pays peut s’avérer être suicidaire.     •

1    cf. https://www.diw.de/de/diw_01.c.550957.de/themen_nachricht...
2    https://swprs.org/die-propaganda-matrix

Elections parlementaires en Allemagne: le Bundesrat sans majorité

gebaeude-innen.jpg

Elections parlementaires en Allemagne: le Bundesrat sans majorité

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Angela Merkel a gagné mais en version Pyrrhus. Avec 33% des voix (26,8% pour la CDU et 6,2% pour le CSU, sa variante bavaroise), obtenant 246 députés (sur 709), la démocratie chrétienne réalise son plus mauvais score de l’après-guerre. C’est dire si la chancelière est devenue impopulaire en quelques années, et une CDU plus courageuse aurait déjà changé de dirigeante, faisant avec elle ce que cette dernière avait fait avec Helmut Kohl.

Son seul motif de satisfaction est d’avoir amené la SPD, avec laquelle elle formait une grande coalition depuis plusieurs années, au plus bas à son tour. Avec 20,5% des voix et 153 députés, la SPD connaît l’un des résultats les plus médiocres de son histoire. Son candidat, l’ancien président du parlement européen Schulz, restera finalement à la tête du parti, au prix du refus de participer à une nouvelle coalition avec la CDU. Cette dernière doit donc se trouver de nouveaux alliés.

Le grand vainqueur de cette élection, par sa marge de progression (+ 7.9 points), est l’AfD dont la campagne fut menée sur un ton identitaire par le tandem gagnant Gauland/Weidel. Même si l’ancienne dirigeante Frauke Petry, à peine élue, claquait la porte du parti en emmenant son député européen de mari, l’AfD est renforcée, avec ses 12,6% des voix et ses 94, et donc désormais 93, sièges. L’extrême-droite classique est laminée, la NPD ne faisant que 0,4% des voix (- 0.9 points) et les REP étant simplement absents, la plupart de leurs adhérents ayant rejoint l’AfD.

Avec 10,7% des voix et 80 sièges, le FDP (libéraux) revient en fanfare au Bundestag. Son jeune dirigeant dynamique, Christian Lindner, qui revendique le ministère de l’économie, a su dynamiser son parti sur une ligne libérale et identitaire, limitant sans doute la marge de progression de l’AfD. Il est devenu faiseur de roi et allié indispensable de Merkel. Mais il va certainement négocier très chèrement sa place.

Les Verts (Grünen) avec 8.9% (+0.5 points) des voix et 67 sièges (+4) sortent également renforcés de ce scrutin, au détriment des sociaux-démocrates. Merkel souhaiterait sans doute les associer au pouvoir pour bâtir sa nouvelle coalition, mais les options très à gauche du parti rendent l’alliance avec la FDP et même avec la CSU très hypothétique. Si elle échoue à bâtir ce que la presse appelle une coalition « jamaïque », elle devra se tourner à nouveau vers les urnes, ce qui serait inédit en Allemagne depuis 1933.

Mais le regroupement de partis aux options antagonistes est très aléatoire et surtout sans stabilité. La CSU pourrait choisir de passer dans l’opposition afin de redorer son blason. De même la CDU pourrait être tentée en cours de mandature de faire tomber Merkel et de changer de dirigeant. Son résultat médiocre ne peut que les y inciter, surtout si l’AfD continue d’accroître son audience à droite.

La gauche radicale de « Die Linke » avec 69 sièges (+5) et 9.2% (+ 0.6 points) se maintient à un niveau élevé. Exclue depuis toujours du pouvoir, même à gauche, son rôle sera le même que celui de l’AfD, faire de la figuration. L’AfD néanmoins pourrait, en cas de coalition minoritaire CDU-CSU-FDP, peser sur la politique du gouvernement, comme le fait le DFP au Danemark.

Dans tous les cas, Angela Merkel a en même temps gagné et perdu les élections. Le désaveu est cuisant. Otage de ses alliés potentiels (Verts et FDP) auxquels elle devra beaucoup céder, au point d’irriter son propre parti, son destin ne lui appartient plus vraiment. Elle ne pourra pas non plus donner suite aux propositions de Macron de refonder l’Union Européenne, certes sur des bases pas plus satisfaisantes que les actuelles.

samedi, 30 septembre 2017

Kurdistan irakien. Un référendum inutile?

kurdesdrap.png

Kurdistan irakien. Un référendum inutile?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les Kurdes d'Irak ont voté massivement pour l'indépendance le 26 octobre dans le référendum non officiel organisé par diverses organisations autonomistes avec le soutien de leur chef Massud Barzani. Ceci a soulevé une tempête dans la région, qui pourtant n'en manque pas.

En effet, les Kurdes d'Irak représentent environ un tiers de la population kurde globale, laquelle s'était identifiée comme kurde dès l'Antiquité. Comme l'indique Wikipedia , la région du Kurdistan était connue par plusieurs termes apparentés au mot Kurdedès cette époque. Les Sumériens l'appelaient Kur-a, Tritium ou encore le pays de Karda, les Élamites Kurdasu, les Akkadiens Kurtei, les Assyriens Kurti, les Babyloniens Qardu, les Grecs Kardoûkhoi et les Romains Corduene.

Mais par le traité de Lausanne de 1923, le Moyen-Orient a été divisé en plusieurs pays qui ne prennent pas en compte le droit des Kurdes à disposer de leurs terres. En effet, d'une grande importance géopolitique dans la région, le Kurdistan est également riche en pétrole et en eau. Il est donc convoité par les grandes puissances.

Le Royaume-Uni et la France se sont vu confier des mandats sur les nouveaux États créés par ce traité de Lausanne, sur l'Irak pour le premier, sur la Syrie et le Liban pour la seconde. Les populations, notamment kurdes, présentes dans ces Etats se sont donc trouvées artificiellement séparées. Elles n'ont pas tardé à se révolter, mais sans succès.

Par ailleurs, en Turquie, nouvel avatar de l'Empire ottoman, la révolution kémaliste du pays s'est faite à partir de 1923 sur la base du déni de l'existence d'une très forte minorité kurde en son territoire. Depuis les Kurdes n'y ont plus aucun droit. Ils sont sommés d'oublier leur culture et de se fondre dans la société. Beaucoup ont résisté, mais ils ont été maintes fois réprimés par les forces turques. Ceci est encore le cas aujourd'hui. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui les représente, fait l'objet de nombreuses attaques du gouvernement. Sa branche armée, les Unités de protection du peuple (YPG), est considérée en interne comme une organisation terroriste et combattue comme telle.

L'engagement kurde contre l'Etat Islamique

Cependant aujourd'hui les YPG livrent l'essentiel de leurs combats contre les forces djihadistes de l'État islamique (EI). Bien que musulmans les Kurdes ne se reconnaissent pas dans l'Islam de combat exporté par l'Arabie saoudite. Aussi la coalition internationale comprenant notamment les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, qui s'était formée pour combattre l'EI apporte aux Kurdes une aide aérienne et logistique dans les combats contre les islamistes.

En 2015, les effectifs des YPG étaient estimés entre 35 000 et 65 000 combattants, dont environ 40% de femmes. Ce sont eux (elles) qui représentent l'essentiel des forces terrestres engagées sur divers terrains notamment pour la reprise de Mossoul et de Raqqa. On notera que la Russie, pour sa part, ne fait pas appel aux Kurdes. Ceci tient au fait que ces derniers ont longtemps combattu Bashar al Assad, allié des Russes mais considéré par eux comme un oppresseur.

kurdistan-map.png

Inutile pour les Kurdes de rêver aujourd'hui à un grand Kurdistan

Les fortes minorités kurdes présentent en Irak, en Syrie et en Turquie, rêvent toutes semble-t-il de reconstituer un grand Kurdistan. Mais ceci se ferait aux dépends de leurs pays d'accueil, qui se trouveraient amputés de parties importantes de leurs territoires et confrontés à un nouvel acteur étatique au Moyen-Orient et en Turquie. Il est donc très probable qu'elles n'y réussiront pas, sauf bouleversement des équilibres politiques. A défaut, les Kurdes voudraient se constituer en petits Etats kurdes indépendants au sein de ces pays. Là encore, ils se heurtent à des résistances considérables.

C'est la raison pour laquelle le référendum organisé en octobre par les Kurdes d'Irak a suscité le refus du premier ministre Haider al-Abadi. Celui-ci a refusé tout processus de négociation, proposé dans un premier temps par Massud Barzani. Les Américains à leur tour se sont déclarés hostiles à l'indépendance du Kurdistan iranien. Ils craignent sans doute d'y perdre ce qui leur reste d'influence en Irak.

Un rejet extérieur général

Il est difficile de pronostiquer aujourd'hui ce qu'il adviendra du référendum kurde. Dans l'immédiat, il a suscité des mesures de rejet générales. Les compagnies aériennes desservant le Kurdistan iranien à partir de l'Egypte, la Jordanie, le Liban et bien entendu la Turquie ont suspendu leurs vols. Elles ont dit qu'elles ne les reprendraient qu'à la demande expresse de Bagdad. Les opérations commerciales avec ces pays, indispensables à la survie du Kurdistan, ont été par ailleurs suspendues.

Il faut observer qu'une situation de même nature pourrait se produire en Espagne, dans le cas d'une volonté d'indépendance affichée par les Catalans lors du prochain référendum sur l'indépendance, déclaré illégal par Madrid et qui devrait cependant se tenir le 1er octobre.

On doit cependant se demander si les Etats nationaux pourraient imposer de force à une population n'en voulant vraiment pas de demeurer dans les frontières de ces Etats. Ils seraient obligés d'utiliser la force, ce qui pourrait conduire à une situation de guerre civile.

En Irak comme en Catalogne, la position des puissances extérieures, notamment les Etats-Unis et dans une moindre mesure la Russie, sera aussi à prendre en compte. Elles feront tout leur possible pour ne pas affaiblir les Etats concernés, dans la mesure où elles les ont intégrés dans leurs stratégies internationales.

Washington va-t-il ouvrir un nouveau front anti-russe dans le Tadjikistan?

tadjikistan-carte.gif

Washington va-t-il ouvrir un nouveau front anti-russe dans le Tadjikistan?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On peut penser qu'après avoir subi défaites sur défaites dans son effort de plus de 20 ans visant à déstabiliser la Russie, Washington ne s'en tiendra pas là. Il ne le fera pas directement, mais par « proxies » interposés.
 
Ce terme de plus en plus utilisé désigne les différentes factions islamistes que les Etats-Unis n'ont cessé d'armer, de financer et de conseiller avec l'aide de leurs forces spéciales. Plus personne ne doute de la chose aujourd'hui, alors que Bashar al Assad est en train de récupérer une souveraineté presque entière sur la Syrie. Il apparaît en effet que l'Etat islamique, utilisant des armes abondamment fournies par des intermédiaires aux ordres de Washington, est encore pratiquement le seul à lutter contre les forces syriennes au nord-est de l'Euphrate. Même Israël, grand allié des Etats-Unis, semble avoir renoncé à exiger le "Assad must go".

Or la Russie dispose de points faibles connus depuis longtemps. Il s'agit des Etats dits du « stan », dont le Tadjikistan est le plus connu. Même si ces Etats entretiennent officiellement de bonnes relations avec Moscou, dont ils s'étaient émancipés à la chute de l'Union soviétique, ils sont peuplés essentiellement de musulmans parmi lesquels la CIA et autres services secrets américains n'auront aucun mal à recruter des djihadistes près à mener le combat, non seulement dans ces pays eux-mêmes, mais au coeur de la Russie. Ils reprendraient un combat que pendant des années les terroristes tchétchènes avaient mené en Russie même, et dont Vladimir Poutine avait fini par se débarrasser.

Des experts militaires russes se disent convaincus qu'aujourd'hui l'Amérique va entreprendre par différents moyens, dont l'aide à des nationalistes prêts à devenir des terroristes, de déstabiliser l'Asie centrale. Le Tadjikistan est le plus vulnérable, mais l'Ouzbékistan et le Turkménistan le seront aussi.

Pamir-Tadjikistan.jpg

Moscou aura beaucoup de mal à lutter contre des factions islamistes s'implantant dans ces pays, abondamment pourvues en argent et en armes par les services américains. Il pourra aussi difficilement empêcher que des djihadistes ne s'infiltrent en Russie même. Vladimir Poutine est bien conscient du problème, mais il y a tout lieu de penser que Washington va engager de gros moyens, de moins en moins clandestins, pour lui rendre cette tâche difficile.

 

jeudi, 28 septembre 2017

De geopolitieke visie van Robert Steuckers

salvador-dali-ei-van-dali-geopolitiek-kind-l.jpg

De geopolitieke visie van Robert Steuckers

Ex: http://www.erkenbrand.nl

Robert Steuckers (Brussel, 1956) zal een van de sprekers zijn op de jaarlijkse conferentie van Erkenbrand. Hij studeerde Germanistiek in Brussel en Leuven, en was nauw betrokken bij de Franse nieuwrechtse organisatie GRECE, onder andere als redactielid van het tijdschrift ‘Nouvelle École‘. In 1993 richtte hij zijn eigen medium op, de website Synergies européennes, waar een groot aantal internationale nieuwrechtse websites hun beste artikelen plaatsen. Steuckers’ denken gaat in de richting van een antikapitalistisch en Paneuropees nationalisme. Hij heeft tal van publicaties op zijn naam staan, onder andere in samenwerking met Guillaume Faye en Armin Mohler. Zijn onderzoek richt zich op de zogenaamde ‘conservatieve revolutie’ uit Duitsland en op de geopolitiek. Hij behandelde klassieke werken van onder andere Halford John Mackinder, Karl Haushofer, Heinrich Jordis von Lohausen en Rudolf Kjellén. Onderstaande tekst is de vertaling door A. Vierling van een vraaggesprek tijdens een colloquium in het kasteel van Coloma in maart 2012.

Welke positieve ontwikkelingen ontwaart U thans onder de Europese volkeren?

RS: Daar merk ik weinig van. Twee ervan, weliswaar geopolitiek gezien van weinig waarde, maar wel betekenisvol en mutatis mutandis (indien aangepast aan andere omstandigheden) navolgingswaardig houd ik gedachtig: het volksverzet in IJsland en de volkswoede in Griekenland. Eerst dus die IJslandse reactie, die van een klein eilandvolkje van 350.000 inwoners, dat reeds vanaf het prille begin van zijn geschiedenis een waarachtige democratische vertegenwoordiging heeft bedacht en de eerste hedendaagse en wereldlijke (niet-religieuze) literatuur van ons continent vorm heeft gegeven. In dat landje zijn de verantwoordelijken voor de crisis van 2008, de vuige banksters die zo verwerpelijk hebben zitten speculeren, voor de rechter gesleept, evenals eerste minister Haarde, die hun smerige streken had afgedekt, terwijl in Belgie de Dexia-commissie er maar oppervlakkig overheen fietst en men hier nog niet zo gauw de toch echt wel verdiende opsluiting van Dehaene zal meemaken. In IJsland zitten dus hun walgelijke evenknieën achter slot en grendel of althans voor de rechter. Deze gezonde reactie ging gepaard met de weigering van de IJslanders om de buitenlandse banken, welke hadden meegedaan aan het ruïneren van hun land. Ze hebben een grondwetswijziging doorgevoerd waar blijkens speculeren uitdrukkelijk wordt gestipuleerd als misdrijf en overdracht van soevereiniteit voortaan worden veroordeeld of bijgeval aan een referendum worden onderworpen. De IJslanders hebben blijk gegeven van een politieke wilskracht: ze leverden het bewijs, dat in het Westen, waar de economie op subtieler wijze alles bepaalt, het primaat van de politiek kan terugkeren. Met als resultaat dat IJsland thans weer een in het oog lopende economische opbloei beleeft.

De rest van Europa is in diepe apathie weggezonken.

In Griekenland echter zijn we getuige van nog gewelddadiger rellen dan die die Athene vorig jaar op zijn grondvesten deden schudden. Het volk weigert het dictaat van banken, het IMF en de Eurocratie. Belgische massamedia hebben op straat mensen lukraak ondervraagd, van wie er drie fel lucht gaven aan hun waarschuwing: zo meteen zijn jullie aan de beurt! (hodie mihi, cras tibi). Dat is nog eens een realistische, vooruitziende blik. In feite zijn de slappe, lafhartige en slijmerige politici, die de oplichters en bankiers niet bij dageraad door de politie durven laten oppakken onder het oog van de media om ze zo aan de schandpaal te zetten (name and blame), verantwoordelijk voor de enig mogelijke uitkomst op middellange termijn: de totale teloorgang van de staat en de vergriekenlanding (lees: verpaupering van onze samenleving). Maar ondanks deze woede-uitbarsting in de straten van Athene hebben de Grieken en de Italianen ook trouwens, dus in tegenstelling tot de IJslanders, een regering moeten slikken die wordt gevormd door economen, bankiers en technocraten, die niets gemeen hebben met de bevolking en dus gespeend zijn van enige democratische legitimatie. De dictatuur is dus weer terug op het Europese toneel, niet als massaal toegewuifde macht of als een duveltje voortgekomen uit de stembussen zoals we die nog onlangs op ons continent hebben gezien, maar als een heerschappij zonder toejuichingen, zonder legitimatie door verkiezingsuitslagen, die klaar staat om hele Griekse en Italiaanse gezinnen naar de sodemieter te helpen. Waar zijn toch die anti-autoritaire provo’s gebleven en de actievoerders zoals tegen Franco of het Griekse kolonelsregime?

In Frankrijk zijn de belangrijke lessen van het gaullisme uit de jaren ’60 vergeten. Geen enkele gezonde reactie kan men van het neoliberale “sarkozisme” verwachten. In Spanje verdient de beweging van verontwaardigde burgers wel sympathie, maar wat levert het op? Jean David vertelt dat Spanje thans 4 miljoen werklozen kent, maar ook een liberale regering die het IMF-beleid uitvoert en onpopulaire maatregelen voorstaat, zoals ook bij ons al in een veel te vroeg stadium mensen als een De Croo (aardje naar zijn vaardje) of een Reynders (hooggeplaatste van BNP in Parijs) namen.

Die Spaanse actiebereidheid van verontwaardigden toont nu juist aan dat elk jeugdprotest voortaan wordt gesmoord in wat de betreurde Phillippe Muray placht te noemen: festivisme (langlevedelollogie). Een demonstratie voor wat echt op het spel staat verwordt tot een Woodstock-happening, waar de bankiers noch hun neoliberale werktuigen van onderste boven liggen. Het gevaar van links komt helemaal niet van zijn tegendraadse natuur en verzet tegen de autoriteiten, maar van zijn neiging de pot te verteren in feestgedruis. Deze alles doordrengende lang-leve-de-lol-levenshouding die op emoties en verlangens bouwt, doodt feitelijk alle politieke reflexen voortkomend uit ernstige, wezenlijke bestaansdreigingen en doodstrijd (Ernst Juenger, Armin Mohler) en uit het zich rekenschap geven van een pessimistische, maar vooruitziende risico-inschatting van het allerergste (Clement Rosset). Voorbeelden te over die het afglijden van de schijnbaar revolutionaire ideeën uit 1968 naar een feestelijke klucht aangeven: de loopbaan van Daniel Cohn-Bendit bewijst het ruimschoots, die nep-revolutionair uit Nanterre 1968, die pseudo-marxistische taal met seksuele obsessies doorspekte en nu een bondgenoot van de neoliberale Thatcher-adept Guy Verhofstadt is als het erom gaat om binnen de muren van het Europarlement elke van het volk uitgaande natuurlijke politieke reflex te verguizen, of als het welk initiatief dan ook betreft door een of andere opportunist (zoals Sarkozy) om de natuurlijke reactie van de bevolking te misbruiken voor welk beleid dan ook om er alleen politiek munt uit te slaan, maar welk beleid, mits echt tenuitvoergelegd, toereikend de belangenbehartiging van de banksters zou ontwapenen.

De Nederlandse politicoloog Luuk van Middelaar maakte gewag van een cultuur onder Franse filosofen van ‘politicide’, het om zeep brengen van het politieke strijdtoneel, dat gepaard ging met de ontwikkeling van een onwrikbare staatsleer, welke de republiek gestaag heeft getracht te doen zegevieren op eigen grondgebied. Of je nu denkt aan Sartre in zijn toespraken gericht aan de demonstranten uit 1968, Michel Foucault of de neo-Nietzscheanen die de vreugdevolle bevrijding eisten van de ‘wensmachines’, de nog eens hernieuwde neo-Kantiaanse post-marxistische moralisten, die niet terug hadden van de door hen plotseling ontdekte gruwelijkheden van de ‘Goelag’ bij hun oude bondgenoten, de ‘Sovjets’ in de jaren 70, dan wel aan de hysterische supermoralisten van de heersende media of de door die laatste massaal aangeprezen ‘meelevende republiek’, de Franse intellectuelen hebben bij voortduring een moordaanslag op de politiek gepleegd, die alleen maar naar een doodlopende weg kon voeren. Een impasse waarin we ons nu bevinden, aldus Luuk van Middelaar in zijn Politicide – De moord op de politiek in de Franse filosofie (van Gennep, Amsterdam 1999).

Dus moeten we een metapolitieke strijd voeren om ons radicaal los te maken uit de moorddadige greep van de ‘lang-leve-de-lol’-mentaliteit en ons te weren tegen de allesvernietigende en uitwissende werking van de apathie, waarin het merendeel van onze medeburgers behaaglijk voortdommelt.

Aan welke gevaren zal een weer ‘populistisch’ (in de goede zin van het woord) geworden Europa zijn blootgesteld?

RS: Om nu een hele lijst gevaren die ons bedreigen op te stellen is onbegonnen werk. Neem nu die speculatie tegen de Euro als symbool van ontbrekende soevereiniteit en politieke machtsvorming binnen de Europese bureaucratie, dan zien we toch dat die vijandige aanvallen allemaal van de andere kant van de Atlantische Oceaan komen, precieser gezegd vanuit de speculatieve sector van de Amerikaanse bankwereld. Ik kan alleen maar concluderen dat die speculatie tegen staten en hun valuta, waar Azië al in 19997 mee te maken kreeg, een betrekkelijk nieuwe wijze van indirecte oorlogvoering is. Saddam Hoessein wilde zijn olie in euro’s verhandelen en ook Ahmadinedjad wilde dat gaan doen met Iraanse olie- en gasvoorraden. Maar daar hebben de BRIC-landen (Brazilië, Rusland, India en China) vooralsnog een stokje voor gestoken. De euro betekende dus het grootste gevaar op korte en middellange termijn voor de VS, want die stond op het punt Koning Dollar van de kroon te stoten. Europa, die beschaafde en vreedzame macht (Zaki Laïdi) zou dus zonder blikken of blozen de Koning schaakmat hebben gezet en dus moest erop los geslagen worden, op dat instrument van Europese soevereiniteit en wel in haar zachte mediterrane onderbuik. Die mediterrane landen de PIGS (Portugal, Italië, Griekenland, Spanje) zijn echt wel de kwetsbaarste en gemakkelijk uit hun evenwicht te brengen met als gevolg een mogelijk domino-effect om zodoende tevens de economisch sterkste landen van de oude Duitse mark-zone te verzwakken. {Ja, België wordt bedreigd, Oostenrijk heeft een ‘A’ verloren en Nederland is ongerust in zijn zwak te worden getroffen, want die kennen hun achilleshiel wel}. Duitsland rooit het nog wel gelet op zijn gas-overeenkomsten met Rusland en de markten die het op grote schaal creëert in China. Het blijft ook sterker doordat het beter is verbonden met de BRIC-landen, het mikt heimelijk op het uitspelen van een Euro-Aziatische kaart zonder met veel ophef zijn officiële Atlantische optie te ontkennen. Oud-kanseliers Schmidt en Schroeder hebben zich verheven tot een spilpositie in de garantstellingen die met de energie-as Berlijn-Moskou gepaard gaan, de huidige belichaming van de akkoorden tussen Rathenau en Tsjitsjerin (gesloten in 1922).

Om nog even terug te komen op Griekenland, dat nu aan diggelen ligt, daar hebben ze het dan vaak over de zorgeloosheid van de Griekse politici met hun demagogische beleid waar de welvaartsstaat bijzonder vrijgevig was en weinig toekeek (honderden blinden hadden een rijbewijs) en over het financiële gat geslagen door de organisatie van de Olympische Spelen in 2004, maar men laat merkwaardig genoeg de enorme kosten achterwege die de grote bosbranden die twee jaar lang achter elkaar land en opstal in het hele land teisterden, met zich meebrachten. Het vuur heeft op het land tot in de voorsteden huisgehouden op een ongekende schaal. Zo verging het ook het Rusland van Poetin, weerspannig tegen de dictaten van de ‘nieuwe wereldorde’, dat ook al op zijn grondgebied branden onderging van een in de geschiedenis ongekende omvang.

Zijn die branden wel toe te schrijven aan de grillen van de natuur, of zijn ze een beetje al te snel op het conto van de veronderstelde ‘opwarming van het klimaat’ geschreven? Of hebben we hier te maken met de uitlopers van nog weer eens een andere vorm van ‘indirecte oorlogvoering’? Dat mag je je toch werkelijk afvragen.

Zo wordt er ook gesproken van het project HAARP, van de mogelijkheid kunstmatig seismische en andere rampen uit te lokken. De tsunami heeft wel vorig jaar Japan van zijn atoom-opwekking beroofd, hetgeen op korte termijn leidt tot de gehele ontmanteling van zijn nucleaire sector en te denken valt ook aan de buitengewoon hevige stormen die Frankrijk enige jaren geleden onderging, onmiddellijk na het aldaar gerezen enthousiasme over een mogelijke as Parijs/Berlijn/Moskou. Zijn het allemaal toevalligheden? Dat zijn toch vragen die nauwe bestudering verdienen, zoals de uitgever ‘Kopp-Verlag’ doet.

Het wapen van wilde stakingen is tegen Chirac ingezet in 1995, na zijn kernproeven bij het Mururoa-atol. Sommige Franse vakbonden, geïnfiltreerd door trotskistische of lambertistische elementen (socio-economische tegenhangers van de ‘nieuwe filosofen’ die in de openbare ruimte ageren) worden naar bekend ondersteund door de CIA (of in het verleden de ex-OSS om de oude communisten te neutraliseren). Frankrijk leeft voortdurend onder het zwaard van Damocles, een volledige lamlegging door bijvoorbeeld vrachtwagenchauffeurs die zijn (toegangs)wegen kunnen afsluiten. Zo heb je niet eens een ‘oranje revolutie’ nodig in Frankrijk.

Blijft dus nog het werkelijke gevaar van een ‘gekleurde revolutie’ over, naar het voorbeeld van wat gelukt is in Georgië in 2003 en die Saakasjvili aan de macht bracht. Maar men doorziet de truc nu en het werkt dus niet meer zo optimaal, ondanks een zeer goed opgeleide beroepsbevolking die al bij het begin van de Servische beweging OTPOR werd gerekruteerd. Zo wordt korte metten gemaakt met de uitwas van de ‘oranje revolutie’ in de Oekraïne van 2004, namelijk een toenadering van het land tot de Atlantische en eurocratische verdragsorganisaties onder druk van de geopolitieke werkelijkheid. De Oekraïense ruimte wordt bepaald door de grote rivieren (Dnjestr, Dnjepr, Don) en de Zwarte Zee. Het staat ook in verbinding met de Russische laagvlakte in het noorden. De laatste poging van een ‘oranje revolutie’ om Poetin te laten vallen liep uit op een faliekante mislukking: De peilingen wezen op 66% van de voorgenomen stemmen voor de Russische eerste minister. Maar wat nog erger is voor de westerse handlangers: de absolute meerderheid gaat niet naar de beweging van Poetin, maar ook voor een derde naar communisten en nationalisten (Zjoeganov en Zjirinovski) en dus niet naar de voorvechters van een heroriëntering op het westen van Rusland, met zijn oligarchen en verdorven zwakbegaafde politiekelingen.

De ‘Arabische Lentes’ zijn weer een andere manier om de massa’s in beweging te zetten teneinde potentiële markten open te breken, wat de Arabisch-islamitische staten eigenlijk zijn. Traditionele staatkundige verbanden en stamgebonden corrupte structuren hebben slechts in Tunesië en deels in Egypte gefunctioneerd. Maar in Syrië lukt het niet en dus is men bezig Syrië een soort Libanese toekomst te bereiden….

De Europese landen worden tenslotte gerekend tot de landen met de zwakste politieke identiteit. Afgezien van die speculatie tegen de euro. Welk ander instrument heeft men nog op de plank om Europa te doen vermurwen mocht het bij de lurven worden genomen? De Amerikaanse ambassadeur Charles Rivkin praatte zijn mond voorbij door openlijk over het gereedschap te spreken dat zal worden gebruikt om de West-Europese samenlevingen te destabiliseren, mochten die zich te koppig gaan verzetten. Dan werpen we hun het uitschot uit de probleemwijken voor de voeten. Charles Rivkin wijst hier onomwonden op de mogelijkheid de massa-immigratie uit de probleemwijken te mobiliseren om zo een tegenstribbelende regering te laten vallen of uit het zadel te werpen. Sarkozy moet als geen ander weten dat hij aan de macht kwam als gevolg van de rellen in de Franse voorsteden in november 2005. ((AV: In Frankrijk zijn dat de etnische probleemwijken)). Die rellen hebben al gediend om Chirac weg te vagen, de voorstander van de as Parijs/Berlijn/Moskou. Ze kunnen dus ook voor zijn val worden gebruikt zodra hij niet wijselijk in het vaarwater van de Amerikaanse alleenheerschappij blijft varen en het Groot-Brittannië van Cameron als bevoorrechte bondgenoot aanhoudt.

banlieueemeutes005.jpg

Guillaume Faye heeft al voorspeld, dat Frankrijk niet voor eeuwig met die rellen in de voorstadswijken kan wegkomen, zeker niet als die tegelijkertijd in verschillende agglomeraties uitbreken, dus niet alleen in het beruchte 93ste departement bij Parijs, maar ook in Lyon, Marseille en Rijsel. Zowel de salafistische netwerken als de lambertisten staan klaar om de Amerikaanse troef uit te spelen ten koste van hun gastlanden, voorop Saoedi-Arabië, de geldschieter van de wahabieten uit de salafistische bewegingen, als onvoorwaardelijk bondgenoot van de Verenigde Staten.

Wie zijn in het huidige speelveld de vijanden van Europese volken, van binnenuit en van buitenaf?

RS: Laten we beginnen met die van buiten, want die vanbinnen zijn slechts hun handlangers. De buitenlandse vijand is de genoemde alleenheerser die ons niet op gelijke voet duldt zoals je logisch doet met al je trouwe bondgenoten, al sinds de Romeinen. Men gooit ons dus steeds terug in de onderwerping door elke keer weer, maar nu met de subtielere middelen eigen aan de indirecte oorlogsvoeringswijzen elke nieuwe economische of politieke opleving van Europa te breken. Die alleenheerser is een zeemacht, die heerst over niemandsland: de oceanen en de ruimte en legt ons daarbij allerlei internationale regels op die van dag tot dag verschillen en altijd te zijnen gunste worden uitgelegd. Ik duid hier met luide toon op de Verenigde Staten zoals beschreven door zo iemand als Carl Schmitt, al is het hier niet de plaats om zijn diepzinnige en rake reflexen in herinnering te brengen omtrent de willekeurige en perfide wijze waarop kneedbare en manke internationale rechtsregels tot stand komen, schatplichtig als ze zijn aan het ‘ Wilsoniaanse denken’ en gericht op het laten oprukken van de pionnen van het Amerikaans imperialisme in de wereld of op het alles wegvagende proces van een soort ebola-virusachtige verwording van diplomatieke zekerheden en tradities tot een vormloze brei, welke door die trouweloze regels wordt uitgebraakt. Toegankelijker zijn de richtlijnen van de Amerikaanse strateeg Nicholas J. Spykman, samengebracht in een vademecum als aanhangsel bij zijn werk uit 1942: America’s Strategy in World Politics.

Voor hem had Europa in zijn tijd nog 10 troeven in handen die het superieur aan Amerika maakte, die ik elders heb opgesomd (Zie ‘Theoretisch panorama van de geopolitiek’, in: Orientations, nr. 12, zomer 1990-91). Hij putte inspiratie bij een Duits geo-politicoloog uit de school van Haushofer, een zekere Robert Strauss-Hupe die naar de VS uitweek na de machtsgreep door de nazi’s wegens zijn ietwat joodse afkomst. Maar goed, laat ik eens drie van die troeven noemen die volgens deze mensen nodig zijn voor het kaliber van een supermacht zoals nu de VS: een uitmuntend school- en universitair onderwijssysteem, etnische saamhorigheid en een min of meer zichzelf onderhoudende economie (of althans, zoals later de Fransen François Perroux en Andre Grjebine stelden, gericht op de opkomst en de consolidatie van een economisch blok met de VS dat de markten van Azië, Afrika en Latijns-Amerika kan veroveren en op lange termijn zijn posities daar kan bestendigen).

Om nu dit goede onderwijssyteem te slopen was er mei 1968 met zijn stoet aan nieuwe lulkoek-opvoeders en navenante lamawaaien-mentaliteit, gevolgd door een aan ‘rechts’ toegeschreven neoliberaal offensief dat opvoedkunde louter in dienst stelde van gemakkelijk te verwerven louter praktische vaardigheden ten koste van de humaniora, de klassieke menswetenschappen die totaal werden verbrijzeld. Ook hier weer liep het met het 1968 sausje overgoten linkse lang-leve-de-lol hedonisme hand in hand met de op de praktijk gerichte neoliberale doctrine om zo gezamenlijk de verworvenheden van onze beschaving teniet te doen en slechts door hun verbeelde verzet, dat in de media breed werd uitgemeten om de indruk te wekken dat er democratische alternatieven denkbaar zijn, de massa’s aan zich wisten te binden. Om de etnische saamhorigheid te breken heeft men Europa eerst van zijn reservoir aan aanvullende arbeidskrachten, Oost-Europa, afgesneden en voorts de integratie- en assimilatieprocessen gedwarsboomd met hulp van de wahabitisch/salafistische netwerken die aan Saoedi-Arabië ondergeschikt zijn, dat goedkope olie aanbood als Europa zijn grenzen openstelde aan de hele moslim-invasie); daarnaast bereidt men zich voor om met ambassadeur Rivkin te spreken op de ophitsing van de ontwortelde nieuwe bewoners die in probleemwijken met allerlei kleuren en religies door elkaar zijn gehutseld, teneinde het staatsapparaat en de samenleving als geheel buiten functie te stellen door het in gang zetten van etnische burgeroorlogjes in de grote stedelijke gebieden. In Duitsland dreigen Erdogan en Davutoglu ermee ten koste van de Duitse staat de parallelle Turkse gemeenschappen zo’n rol te laten spelen, waarbij je moet bedenken, dat het neoliberalisme uiteindelijk alle ‘economieën-in-de-diaspora’ voortrekt en doet opbloeien, dus ook die Turkse netwerken, die aanvankelijk sterk geënt waren op de heroïnehandel. Tenslotte zal de voortdurende afgedwongen ‘politicide’, vooral in Frankrijk, geen enkel herstel toelaten van het politieke besluitvormingsproces inzake onze existentiële keuzes, in de zin van Julien Freund. Zonder dergelijk herstel riskeren we de totale en definitieve ondergang.

turquieataturk.jpeg

Kijk, we zien duidelijk dat de alleenheerser die onze oplevingen wil afremmen voor het moment alom opportunistisch bondgenoten om zich heen verzamelt, die niet de voornaamste vijand zijn, maar wel straks zijn handlanger. Het verzet in Turkije, dat door de media sterk werd benadrukt na de botsing van Erdogan met zijn Israëlische tegenhanger te Davos en die zaak van Turkse schepen met medicamenten voor de Palestijnen in Gaza, is maar een show om de Arabisch-islamitische volksmassa’s te vermurwen. De Turkse buitenlandse politiek is er nauwelijks door veranderd, ook niet door de neo-ottomaanse toespraak van Davutoglu, die gewag maakte van ‘geen problemen met de buren’ en moslim-solidariteit. Kijk, in Syrië stond al sinds augustus 2011 Turkije pal achter de Amerikaanse alleenheerser: Erdogan, Guel en Davotoglu hebben geprobeerd al-Assad te laten buigen door de ‘moslimbroeders’ in zijn regering toe te laten en op te houden de alawieten, dat zijn aanhangers van een meer sjiitische islam, te bevoorrechten en af te zien van de scheiding kerk en staat, dus af te zien van het beginsel van geen staatsbemoeienis met geloofszaken, zoals door de seculiere ideologie van de Baath-partij altijd is voorgestaan en elke discriminatie tussen soennieten, sjiieten, alawieten en druzen verbiedt, alsmede op te houden met de bevoorrechting van Arabische en Armeense christenen. De Baath-partij was ten aanzien van de religieuze neutraliteit veel soepeler dan het Turkse kemalisme voordat het door Erdogan en zijn AKP van de troon werd geschopt, gelet op de ontstentenis aan institutioneel geweld tegen de bestaande religieuze Syrische volksdelen. Thans komen de wapens voor de opstandelingen in Syrië, de zogenaamde Afghaanse of Libische huursoldaten binnen via Turkije en dan door Irak of Jordanië, die de strijd aangaan met het Syrische leger. Trouwens, je moet bedenken dat de Turkse geopolitiek niet verenigbaar is met een samenhangend Europees geopolitiek beleid. De onderliggende doeleinden van Turkije gaan helemaal niet dezelfde kant op als die van de Europese, mochten die ooit eens samenhangend worden en voor heel Europa gaan gelden: Turkije wil bijvoorbeeld indirect weer voet op de Balkan zetten, terwijl dat eigenlijk voor Europa slechts een springplank moet zijn naar de Levant en de verdere Oost-mediterrane kuststreek en het Suezkanaal. Het huidige Turkse grondgebied is echter al een doorvoerzone voor immigratie uit het Nabije Oosten, het Midden-Oosten en Azië naar Europa, met name om binnen te dringen in het Schengen-gebied. Turkije sluit zijn grenzen niet en laat ondanks enorme subsidies van de Europese Commissie doodleuk honderdduizenden toekomstige illegalen door op weg naar de Europese Unie. De politie en douane van Griekenland zijn dus overbelast. De Griekse financiën zijn door deze Sisyphus-arbeid geheel uit het lood geslagen en dus ook door die bosbranden op enorme grote schaal, en niet zozeer zoals de neoliberale media ons op de mouw spelden door financieel wanbeheer bij de Olympische Spelen van 2004 en door enige duizenden arme Grieken die hun sociale dienst hebben pootje gelicht.

Om dat enorme aanzwellen van economische vluchtelingen te stuiten, die dus niet in verhouding staat tot wat zich in Lampedusa bij Sicilië of Feuerteventura op de Canarische eilanden aandient, geeft de Europese Commissie maar een miezerig klein bedrag vrij om slechts 200 armzalige politie-agenten uit te sturen die dan een grens moeten bewaken die vanaf de Thracische landengten eerst naar de Egeïsche eilanden en Rhodos helemaal doorloopt naar de Dodekanesos (12 eilanden). Het agentschap Frontex, dat in theorie alle buitengrenzen van het Schengen-gebied moet afsluiten en zo de onevenwichtigheden die een ongebreidelde immigratie met zich meebrengt moet voorkomen, ontvangt in werkelijkheid maar een schijntje aan financiën en blijkt een lege dop te zijn.

Men weet dat al wat die salafisten en wahabieten uitvreten uiteindelijk op afstand wordt aangestuurd door de Amerikaans-Saoedische tandem en zich uitstekend leent om operaties van indirecte oorlogsvoering te plegen, die ook wel ‘low intensity war’ en ‘false flag operations’ heten. Pim Fortuyn werd niet zozeer als ‘ islamofoob’ vermoord als wel omdat hij de Nederlandse deelname aan de operaties in Afghanistan wou stopzetten. ((AV: Zie mijn eigen artikel: Ook wegens zijn wil niet deel te nemen aan het Joint Strike Fighter-project en de afschaffing van het Nederlandse leger behoudens de marine)). Men rekruteert een moordenaar uit de Marokkaanse gemeenschap van Molenbeek om commandant Massoud om te brengen en hem niet de macht te laten grijpen na de val van de Taliban, zoals gepland door het Pentagon. Men stuurt een Jordaanse fundamentalist op weg om de leiding te nemen van het Tsjetsjeense verzet op het traject van een oliepijpleiding die de Russische en Kazakse grondstof zou brengen naar de Zwarte Zee en ga zo maar door. Rusland, de belangrijkste leverancier van brandstoffen aan West-Europa wordt in de Noord-Kaukasus verzwakt door fundamentalistische Tsjetsjenen en Daghestani, maar ook en vooral, zoals ons de Duitse waarnemer Peter Scholl-Latour meldt, door een potentieel wahabitische (en dus indirect Amerikaanse) interventie in zijn twee moslimrepublieken Tatarstan en Basjkirostan. Als die twee republieken door burgeroorlog ten onder gaan of de fundamentalisten aan de macht komen wordt het grondgebied van de Russische Federatie letterlijk in tweeën geknipt ter hoogte van de Oeral, alleen het hoge noorden buiten beschouwing gelaten (dus boven de toendra-grens).

Ivan_the_Terrible_cropped.jpg

Europa wordt alsdan dus teruggebracht tot wat het was aan het begin van de zestiende eeuw: dus voor het geraas van de troepen van Ivan de Verschrikkelijke en Fjodor I die vanuit de Moskouse regio heel de loop van de Wolga tot en met Astrachan (1556) veroverden. Kazan, de latere hoofdstad van de Tartaren viel in 1552. Peter Scholl-Latour wijst erop, dat de Tartaren zelden warm lopen voor het wahabisme uit Arabië of voor de Egyptische Moslimbroeders van Hanna al-Banna en Sayyid Qutb en een moderne islam voorstaan die met het Europese en Russische modernisme verenigbaar is, men noemt het ‘jadidisme’ of de ‘Tartaarse weg’, waarvan de huidige bedenker Rafael Chakimov is. Die verzette zich tegen de wahabitische eis Arabische zeden en gebruiken uit de 7de en 8ste eeuw over te nemen. Aanhangers van Chakimov hebben thans dan wel nog de meerderheid in Tatarstan, maar ze moesten toch wel optreden tegen de praktijken van de moskee ‘Yoldiz Madrassa’ in de industriestad Naberezjnye Tsjelny, die werd opgehitst door onderwijskrachten uit Saoedi-Arabië. Ze werden verjaagd omdat enige van hun leerlingen zich bij de Tsjetsjeense rebelen hadden aangesloten. De toekomst ligt nog open voor deze oevers van de Karna, zijrivier van de Wolga die ver in het Noorden ontspringt bij de toendras, maar de alleenheerser kan met zijn Arabische bondgenoten er rotzooi gaan trappen en tegen het Tartaarse ‘jadidisme’ ten strijde trekken of er een soort panturkisme nieuwe leven in blazen (zie L’islam de Russie – Conscience communautaire et autonome politique chez les Tartars de la Volga et de l’Oural depuis le XVIIIe siecle, Stephane A. Dudoignon, Daemir Is’haqov en Raefyq Moehaemmaetshin, ed. Maisonneuve & Larose, Paris 1997; Peter Scholl-Latour, Russland im Zangengriff – Putin’s Imperium zwischen NATO, China und Islam, Propylaeen Verlag, Berlin, 2006).

Laten we nog iets zeggen over de vijanden onder ons. Ik zal er drie noemen. Eerst het volkomen parasitaire banksysteem dat een ware plutocratie (een woord dat door Pierre-André Taguieff en Jean-Francois Kahn in Parijs opnieuw wordt gebruikt) in het zadel heeft geholpen en niets en dan ook helemaal niets met democratie heeft te maken. Daar hangen dan systemen als de supermarkten aan die op voedselprijzen speculeren en verantwoordelijk zijn voor de hogere duurte in België dan de in omringende landen, veel noodzakelijke levensmiddelen zijn hier dubbel zo duur als in de Duitse schappen. En ook de ermee verbonden energiesector, die extreem hoge gas- en elektriciteitsprijzen afperst van de consument. De onevenwichtigheden die door de enorme omvang van deze geprivatiseerde of semi-geprivatiseerde para-statelijke structuren worden veroorzaakt moeten weer in het gelid gebracht worden, willen we niet dat de meest intieme bouwstenen van onze maatschappij erdoor worden vergruisd. Ten tweede noem ik de neoliberale ideologie en zijn vertakkingen met vooraan ex-premier Guy Verhofstadt die het ‘ regenboogkabinet’ leidde, een verbond tussen het neoliberalisme en het linkse feestgedruis. Want die ideologie smoort onder het masker van zijn goede bedoelingen elke echt opbouwend verzet. En dan hebben we dus als derde die zeer manipuleerbare diaspora, let wel ze zijn het bij monde van ambassadeur Rivkin en van het tandem Erdogan/Davutoglu.

Doel moet dus zijn de exponentiele ontwikkeling van de parasitaire plutocratie te beteugelen, ze grenzen en controles opleggen en ze onderwerpen aan een rechtvaardige belastingbijdrage, het Romeinse mulcto of multo en tevens moet er gewerkt worden aan een stevige etnische basis zonder telkens weer automatisch te worden bestraft als geldt het een strafbaar feit. Het neoliberalisme en zijn afgeleide denkconstructies zijn een ideologie van ‘politicide’, een moordaanslag op het politiek uiten van een gemeenschap en dus staatsgevaarlijk, ook op Europees niveau. Die etnische uitzaaiingen bij ons, de manipuleerbare diaspora, kunnen als vijfde colonnes gaan dienen, omdat ze vooral onder dreiging van Erdogan/Davutoglu recht kunnen krijgen op hun eigen rechtsstelsels, soevereiniteit in eigen kring. Onze beschaving kan niet gered worden zonder drastische maatregelen.

mercredi, 27 septembre 2017

Lionel Baland: «Les trois partis du gouvernement sont les perdants du scrutin»

merkellunettes.jpg

Allemagne

Lionel Baland: «Les trois partis du gouvernement sont les perdants du scrutin»

Entretien avec Lionel Baland
Ex: https://www.breizh-info.com

27/09/2017 – 07h15 Berlin (Breizh-info.com) – Lionel Baland, spécialiste des mouvements politiques identitaires et patriotes en Europe (voir son blog) fait le point avec nous sur les élections en Allemagne, qui ont vu un recul du parti d’Angela Merkel et du SPD et une percée de l’AFD (Alternative Für Deutschland).

Breizh-info.com : Pouvez vous, avec le recul, nous faire le bilan de ces élections en Allemagne ?

Lionel Baland : Les trois partis du gouvernement sont les perdants du scrutin. Le parti chrétien-démocrate CDU de la chancelière Angela Merkel et son allié bavarois le parti social-chrétien CSU ainsi que parti social-démocrate SPD reculent en nombre de voix et de sièges.

Les écologistes et les post-communistes se maintiennent. Les grands vainqueurs sont les patriotes de l’AfD et les libéraux-centristes du FDP. Ils entrent tous les deux à la Chambre des députés. L’AfD a fait campagne contre la politique migratoire du gouvernement alors que le FDP estime que les réfugiés doivent être renvoyés vers leur pays d’origine dès que la paix y est rétablie.

L’AfD arrive en troisième position derrière la CDU/CSU et le SPD. Cette formation politique dépasse donc les libéraux-centristes, les écologistes et les post-communistes.

L’AfD obtient 20 % des suffrages dans l’est de l’Allemagne qui a connu autrefois le communisme. Elle y joue désormais le rôle de première force d’opposition à la CDU d’Angela Merkel. En Saxe, l’AfD est le premier parti juste devant la CDU. De plus, l’AfD y obtient trois mandats directs (les électeurs émettent deux votes : un à la proportionnelle et un au scrutin majoritaire : au sein de trois circonscriptions, l’AfD gagne au scrutin majoritaire).

Si dans l’ouest du pays, l’AfD engrange des résultats nettement moins importants que dans l’est, c’est pourtant là que l’exploit a lieu car – à l’exception du sud du pays – le patriotisme y est inexistant et ce type d’idée y est de plus socialement inadmissible.

Breizh-info.com : Quelles vont être les conséquences immédiates de cette entrée de l’AfD au Bundestag ?

Lionel Baland : L’AfD disposera de moyens financiers et humains grâce à l’élection d’un peu moins de cent députés qui travailleront le terrain au sein de leur circonscription respective. L’AfD dispose désormais d’une stature au niveau national et son groupe parlementaire lui donnera plus de visibilité médiatique.

Breizh-info.com : Quel est le profil de l’électeur de l’AFD ?

Lionel Baland : Alors que certains médias ont tenté de faire apparaître les électeurs de ce parti comme étant plutôt des individus déclassés économiquement et disposant d’un faible niveau d’étude, des analyses plus approfondies ont montré l’inverse.

Le profil des électeurs de ce parti reste donc peu clair et varie selon les diverses régions du pays.

Breizh-info.com : 87% des électeurs allemands n’ont pas choisi l’AfD, seul parti à s’opposer à la vague migratoire en Allemagne. Le peuple allemand accepte-t-il la politique d’immigration de Merkel ?

Lionel Baland : L’AfD s’est opposée frontalement à la politique migratoire de la chancelière, le chef de file du parti libéral-centriste FDP a déclaré vouloir renvoyer les réfugiés et la candidate de tête du parti post-communiste die Linke Sahra Wagenknecht estime que l’Allemagne a un problème d’intégration des étrangers, y compris avec ceux de la troisième génération.

Elle a déclaré le vendredi 8 septembre 2017 à N-TV : « Nous voyons précisément que l’intégration, aussi même parmi les migrants de la deuxième et troisième génération, est un échec. » Elle estime que les frontières externes de l’Union européenne doivent être contrôlées avant d’ajouter que l’accord conclu avec la Turquie a rendu l’Allemagne dépendante de ce pays que des personnes fuient pour demander asile.

Les sociaux-chrétiens bavarois de la CSU désirent imposer une limitation à l’accueil des réfugiés. Les divers partis ne sont donc pas tous d’accord avec la politique migratoire en place.

De plus, les électeurs n’ont pas voté seulement par rapport à la question de l’immigration. La population doit affronter d’autres problèmes comme celui de l’explosion du prix de l’immobilier dans les grandes villes du pays.

L’Allemagne d’Angela Merkel est un pays prospère au taux de chômage bas, mais qui compte des travailleurs pauvres. Le bilan du gouvernement sortant est loin d’être négatif sur toute la ligne et il a obtenu de bons résultats dans divers domaines.

Le ministre-président CSU de Bavière Horst Seehofer a d’ailleurs déclaré qui si Angela Merkel n’avait pas ouvert les frontières, la CDU/CSU aurait peut-être pu viser la majorité absolue. La politique migratoire a donc fortement sapé le résultats électoraux du gouvernement.

Breizh-info.com : Comment expliquez-vous la mise en retrait immédiate de Madame Petry? N’est-ce pas un premier couac pour l’AfD ?

Lionel Baland : La figure de proue de l’AfD Frauke Petry a déclaré ce lundi 25 septembre 2017 ne pas vouloir siéger au sein du groupe parlementaire de l’AfD. Il est clair que cette prise de position résulte de fortes tensions au sein du parti. Madame Petry désire transformer rapidement celui-ci en force de gouvernement et est donc en lutte ouverte avec d’autres dirigeants de l’AfD qui tiennent parfois des discours peu compatibles avec ce choix stratégique. La lutte pour le leadership de l’AfD se poursuit et pourrait bien occasionner de graves dégâts.

gauland-pendant-la-n.jpg

Breizh-info.com :  Quelles sont les prochaines perspectives électorales ? L’AfD est-elle une structure politique cohérente et diverse ? Ses cadres sont-t-ils compétents politiquement (on a pu voir pas mal d’écueils au Front national …) ?

Lionel Baland : L’AfD est un parti jeune qui se construit et a pu recruter des cadres en siphonnant ceux des autres partis, notamment de la CDU. Au niveau local, l’AfD reste cependant faible car il est très difficile pour une formation apparue récemment de recruter des personnes disposant de compétences politiques. Ajoutons que les cadres de l’AfD font l’objet d’attaques physiques, que les façades de leur domicile sont badigeonnées à la peinture et qu’ils doivent faire face à des persécutions professionnelles et sociales.

La direction de l’AfD n’est pas monolithique : alors que certains veulent faire de ce parti d’abord une force d’opposition, d’autres veulent le voir entrer dans le gouvernement dès 2021. De graves tensions traversent la direction et de plus celle-ci est soumise aux désidératas de la base qui ne sont déterminés que lors de congrès. Si la percée de l’AfD résulte de l’exploit, sa survie sur le long terme n’est pas assurée. Le parti devra résister aux attaques en tous genres et aux conflits internes, tant idéologiques que stratégiques.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Crédit photo : Wikipedia commons (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

lundi, 25 septembre 2017

L'Iran désormais puissance dominante au Moyen-Orient

iranenvironnement.jpg

L'Iran désormais puissance dominante au Moyen-Orient

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On le soupçonnait depuis longtemps, beaucoup comme la Russie en seront plutôt satisfaits, Mais pour Israël, si le pays ne change pas de politique, et pour les Etats-Unis, il s'agira d'une sorte de catastrophe.
Le média iranien Teherantimes, que l'on devrait mieux connaître en France, vient d'annoncer l'essai réussi par l'Iran d'un missile balistique de moyenne portée, capable d'atteindre des cibles distantes de 2000 km et d'emporter différentes têtes 1) .

Ceci devrait changer significativement le rapport de force au Moyen-Orient. Les 45.000 soldats américains déployés dans la zone, ainsi que tous les alliés des Etats-Unis, y compris en premier lieu Israël, sont désormais à portée.

Cette annonce survient quelques jours après les agressions verbales de Donald Trump à l'ONU, ainsi que sa volonté d'imposer à Téhéran de nouvelles sanctions. Celles-ci seraient décidées au prétexte que l'Iran n'aurait pas respecté l'accord dit nucléaire par lequel elle s'engageait à ne pas développer d'armes atomiques. Or tous les observateurs internationaux affirment au contraire qu'il n'en est rien. Cependant, si de nouvelles « sanctions » unilatérales étaient décidées, le Président Hassan Rouhani a précisé à son retour de New York que toutes les options en matière de riposte seraient envisageables.

Plus récemment, il a déclaré que si la nation iranienne avait toujours recherché la paix et la sécurité, elle continuerait à défendre les peuples yéménite syrien et palestinien, « que cela plaise ou non ». Peu après le commandant de la Garde Révolutionnaire le général Mohammad Ali Jafari a été plus explicite. Selon lui, les Etats-Unis, avec le discours de Trump, ayant montré toute leur hostilité, devaient désormais s'attendre à des réactions douloureuses pour eux dans tous les domaines, y compris militaires, a-t-il laissé entendre.

focus-pays-iran-9-638.jpg

Il est évident que Téhéran est loin d'avoir encore mis au point des armes atomiques et des missiles représentant une menace sérieuse. A cet égard en Asie la Corée du Nord dispose d'une avance considérable. Cependant l'Iran a déployé plus de 100.000 hommes sur le terrain. Il s'agit de contingents chiites endurcis, capables d'affronter les faibles effectifs des pays sunnites, notamment l'Arabie saoudite, susceptibles de leur être opposées. En cas encore improbable d'une bataille conventionnelle avec Israël, celui-ci, malgré la puissance de ses armements, aurait fort à faire.

La Syrie et son allié la Russie devraient-ils s'inquiéter de voir l'Iran en passe de devenir une puissance dominante dans la région. En principe non, puisque Bashar al Assad et Moscou se sont mis d'accord depuis des mois pour constituer avec Téhéran un « pont » chiite qui contrebalancerait les pétro-dollars des pays sunnites et l'influence américaine. On peut penser par ailleurs que l'Iran a bien compris que la Russie était désormais décidée à maintenir ses implantations militaires en Syrie et réagirait à toute éventuelle menace iranienne. Celle-ci serait hautement improbable du fait qu'au contraire l'Iran a concédé à l'aviation russe l'accès à l'une de ses bases aériennes.

Ce sont par contre les Kurdes et leur apparente volonté de constituer au nord de l'Irak l'amorce d'un véritable Kurdistan indépendant qui devraient prendre l'avertissement iranien au sérieux. Ce projet a jusqu'ici été soutenu par Washington et Tel-Aviv dans le but d'en faire ce qui pourrait être un instrument régional permettant de lutter contre l'influence iranienne. Or déjà combattu par la Turquie, ce projet ne résistera pas à un rejet par l'Iran. Les Kurdes devraient faire bien attention à leurs futures décisions, quels que soient les résultats de futur référendum, s'il a lieu. Même si leurs valeureux peshmergas ont pu être appréciés ces derniers mois dans la lutte contre l'Etat Islamique, ils ne feraient pas long feu devant un rejet général. Mais ce point ne peut être examiné ici. La question kurde mériteraient bien d'autres articles.

Les Européens qui pour leur part sont en train d'investir de façon importante et dans de nombreux domaines en Iran ne devraient voir aucun inconvénient à la mise en place d'une Iran puissance dominante au Moyen-Orient. Même si celle-ci devait dorénavant disposer d'une capacité de « deterrence » militaire importante.

1) http://www.tehrantimes.com/news/417036/Iran-successfully-tests-new-2000km-range-missile

vendredi, 22 septembre 2017

Comment les USA se servent des islamistes et des Rohingyas pour contenir la Chine et prendre le côntrole de l’ASEAN

san_suu_kyi_strasbourg_22_octobre_2013-04.jpg

Comment les USA se servent des islamistes et des Rohingyas pour contenir la Chine et prendre le côntrole de l’ASEAN

Ex: https://www.agoravox.fr

Aujourd'hui de nombreux médias autant atlantiste qu'engagés accusent le Myanmar et Aung San Suu Kui de commettre des massacres envers la communauté Rohingya, les vrais responsables, les états-Unis jouent les bons Samaritains choqués par le sort des rohingyas et dans le même temps, le wahhabisme saoudien arrive dans la région comme il était arrivé en Thaïlande.

Le but de cet article, c'est de pointer du doigt les réels responsables de ces crises et de ces crimes contre la population Rohingya, et rétablir la vérité sur Aung San Suu Kui, une grande dame qui suit une voie bouddhiste très pure, et qui fait de son mieux malgré toutes les insultes et les mensonges propagés par les médias atlantistes à son encontre.

Quand les crapauds crachent sur la colombe

Le prix Nobel de la paix est diabolisée par les deux camps, d'un côté on nous affirme que les américains sont choqués par son comportement envers la communauté Rohingya, eux qui c'est bien connu, sont très attaché au respect des droits de l'homme, surtout des musulmans..., de l'autre on nous dit qu'elle est et a toujours été au service des USA.

Pour preuve, on la montre en photo toute souriante avec Hillary Clinton ou Madeleine Allbright.

Il faut se souvenir qu'elle posait aussi tout sourire avec les généraux de l'ancienne junte birmane, ceux la même qui l'ont gardé pendant 15 années en résidence surveillée et qui ont torturé et tué nombre de ses proches.

Ce comportement intrigant, elle l'avait expliqué ainsi : elle ne développait de haine contre personne, car si elle le faisait, elle ne pourrait pas trouver de solution pour obtenir la paix.

C'est une femme qui suit une voie très pure du Bouddhisme Théravada.

Et effectivement, elle et son mouvement, la NLD, ont reçu un important financement venant des USA, mais, si peu de gens le savent, c'était aussi le cas pour Ho Chi Minh, qui avait reçu de nombreuses aides des USA avec qui il avait été en bon terme au début, il avait même écrit la 1er constitution du Vietnam indépendant en s'inspirant de la constitution américaine.

Le truc, c'est que ce soutien c'était pour l'aider à faire partir les français, une fois que les français ont quitté le Vietnam, les USA ont arrêté l'aide et favorisé la mise en place d'un chrétien anti-français et anti-communiste, Ngo Din Diem, qui avait tout pour leur plaire...

myanmar-rohingya-malaysia-arrival_0-1728x800_c.jpg

Une femme libre au service de son peuple

Aung San Suu Kui n'a pas réagi comme une bonne employé des états-unis en ne s'opposant pas au projet Chinois One Belt One Road (nouvelle route de la soie) qui sera bénéfique pour les deux pays.

N'obeissant pas servilement malgré tout les cadeaux, car elle a toujours été intègre et au service de son peuple.

Alors aujourd'hui, les crapauds crachent à tout va sur la blanche colombe, et tous les médias occidentaux qui la portaient aux nues il y a peu, se mettent maintenant à la diaboliser et la rendre responsable de ces massacres.

Mais ce qui se passe au Myanmar, est comme un film qui a déjà été joué en Thaïlande (explication ci dessous), et là où les "journalistes de la résistance" se trompent lourdement, c'est qu'Ang San Suu Kui n'a rien à voir avec Thaksin Shinawatra, l'homme du Carlyle groupe et de George Soros, mis en place par les USA et qui avait créé la crise avec les islamistes dans le sud du pays.
.
Pour preuve, Thaksin n'a jamais été diabolisé par les médias occidentaux, au contraire, il bénéficie de tout leurs soutiens, car c'est toujours un bon serviteur des intérêts US alors qu'Ang San Suu Kui subie actuellement un vrai lynchage médiatique unanime !

Aung San Suu Kui dénonce d'ailleurs l'« énorme iceberg de désinformation » propagé par les médias occidentaux, désinformation créée pour générer des problèmes entre les différentes communautés et promouvoir les intérêts des terroristes ».

Dans son communiqué, la conseillère d’Etat dit "faire en sorte que toutes les personnes de notre pays aient droit à la protection de leurs droits, pas seulement politique, mais également sociaux et humanitaires."

Elle ajoute : "Nous savons bien mieux que d’autres ce que c’est que d’être privés de droits et de protection démocratique."

Quand la resistance se trompe et manipule

Tony Cartalucci, auteur normalement bien informé a fait un long article accusant Ang San Suu Kui d'être au service des USA depuis toujours, dans son article il montre une photo du prix nobel avec un nom sur la main qu'il associe à la photo d'un moine bouddhiste integriste anti-Rohingya, mais le problème c'est que Aung San Suu Kui n'a pas un message de haine sur sa main, Soe Min Min est le nom d'un prisonier politique membre de son parti, la NLD.

La députée NDL a toujours promis à « toutes les personnes qui vivent dans ce pays une protection » en accord avec les droits de l'Homme.

Et elle est accusée par les bouddhistes extrémistes anti-rohingya, d'être pro-musulmane !

La voie du milieu

Que peut elle faire ?
Favoriser une minorité qui met en danger la majorité ?

Laisser les USA déstabiliser le pays avec les Rohingya, qui, pour beaucoup sont certainement en fait des bengualis ?

Non, elle fait ce qu'il y a de mieux pour son pays et la majorité des habitants et n'est certainement pas responsable des crimes que l'on lui reproche.

Il ne faut pas oublier qu'elle est loin de tout contrôller, la junte militaire a encore du pouvoir, elle détient 25% des sièges au Parlement et contrôle trois ministères clés.

L'acharnement des médias et politiciens occidentaux contre elle devrait mettre la puce à l'oreille.

Mais ceux-là même qui normalement ne se laisse pas prendre par la propagande des médias atlantistes, sont tous tombés dans le panneau à propos des accusations contre Aung San Suu Kui et ne s'étonnent même pas en l'accusant de plus belle, qu'ils font exactement ce que fait la propagande US.

cartemyanmar.jpg

Qui contrôle les militaires birmans ?

Il faut savoir que lorsqu'ils ont organisé les élections en 1990, les dirigeants de la junte birmane étaient près à lâcher le pouvoir, mais la France qui avait découvert le gisement gazier de la mer Andaman, ne voulait pas que le contrat passe aux anglais, car Ang San Suu Kui était mariée à un anglais et ils avaient alors donné de l'argent et les armes à la junte pour qu'elle puisse garder le pouvoir.

Depuis la France a une énorme influence sur le pouvoir birman.

La junte, avec le soutien financier et militaire des français, avait commencé par prendre le contrôle de l'opium des Shans, dans le nord du pays, forçant les américains qui contrôlaient le trafic (deux agents de la DEA avaient été trouvé sur le terrain, et ils n'étaient pas infiltré, les shans savaient qui c'étaient !) à déplacer leurs productions en Afghanistan.

Et de nombreuses ONG avaient alors accusé la Birmanie d'être une narco-dictature qui blanchissait l'argent de la drogue grâce à Total.

Peu de temps après, l'Afganistan était devenue 1er producteur mondial d'opium à la place des Shan, et oui ils ont les pouces verts les américains, couleur du dollars...

Aujourd'hui, la France est contrôlée par les USA (Carlyle groupe et Young Leader de la french american foundation), mais notre pays garde son influence sur la Birmanie, ainsi, avant de pouvoir se présenter aux éléctions de 2012, Ang San Suu kui avait reçu la visite d'Alain Juppé et avait ensuite du dire lors d'une interview que la compagnie Total avait aidée au développement du pays.

Alors qu'elle avait toujours dénoncée le soutien de la France et de Total au régime birman, et leurs complicités dans les violations des droit de l'homme.

Avant : Aung San Suu Kyi dénonce l'action de Total en Birmanie
Après le passage de Juppé :
Aung San Suu Kyi a déclaré : « Total est un investisseur responsable en Birmanie

Elle avait ensuite été autorisé à se présenter.

L'occasion de rappeler, que lorsque la France était complice des nombreux crimes commis contre le peuple birman et les minorités éthniques (massacres, tortures, viols, travail forçé...), nos médias et politiciens étaient bien silencieux, alors qu'aujourd'hui ils sont unanimes pour accuser Ang San Suu Kui de crime contre les Rohingyas...

On peut se demander si les militaires birmans toujours "sous influence" ne jouent pas un double jeu avec elle à propos de la situation des Rohingyas...

Qui sont ces Rohingyas ?

Installés dans l’Etat de Rakhine, les Rohingyas sont privés de la nationalité birmane car ils seraient venus dans le pays après 1823, d'après l’histoire officielle.

Selon ces sources, « leur arrivée ne remonterait qu’à la fin du XIXe et serait liée à la politique d’immigration mise en place durant la colonisation » britannique.

Selon le vieux principe du « diviser pour mieux régner », ils auraient été favorisés par les colons au détriment des autres populations et ils ont toujours combattu les birmans sous les ordres des anglais lors des guerres d'indépendance.

Ils parlent une langue proche du bengali, qui est aussi parlée dans la région de Chittagong au Bangladesh.

Le Bangladesh est le pays le plus densément peuplé au monde, et personne aujourd'hui, ne s'étonne du fait qu'il y ai tant de Rohingya qui sortent de partout, et qui d'ailleurs pourrait faire la différence entre un bangladais et un Rohingya ?

Et maintenant le Bangladesh dénonce le fait que les militaires birmans aient miné la frontière, pour diminuer le flux incroyable, pour ne pas dire l'invasion de Rohingya et très certainement de bengali.

Mais on peut se demander pourquoi tant de Rohingya veulent se rendrent en Birmanie alors que tout le monde sait qu'il y a une répression et une guerre !

Ou alors, pourquoi le Bangladesh les force à partir ?

cartemigraroh.jpg



La vérité sur ce qui se passe en Birmanie

En fait la situation n'est pas difficile à comprendre, les Rohingyas sont utilisés par les USA pour empêcher le développement économique de la Chine et de la Birmanie.

L’État de Rakhine, où vivent les Rohingyas, est le point de départ de l’un des projets de la Chine, la One Belt One Road (nouvelle route de la soie) qui relie le port de Sittwe à des infrastructures qui conduisent à travers le Myanmar à la ville méridionale de Kunming en Chine.

Une crise de réfugié et des terroristes wahhabites comme en Europe

Des flots de réfugiés Rohingyas arrivent dans les pays d'Asie du Sud Est, créant une crise et des tensions entre les pays de l'ASEAN exactement comme en Europe.

Et si l'on sait qu'aujourd'hui, une grande partie des réfugiés en Europe ne viennent pas de Syrie, d'Irak ou de Libye, mais de pays voisins comme la Turquie, et fait partie d'un plan de dilution des nationalités en Europe, on ne parle pas encore de la véritable origine d'une partie des réfugiés Rohingyas, qui sont très certainement des habitants du Bangladesh.

Et cette crise de réfugié, déstabilise les pays de l'ASEAN que les USA veulent contrôler pour l'opposer à la Chine et ainsi empêcher la création d'une puissance asiatique qui menacerait son hégémonie, de la même manière qu'ils déstabilisent l'EU qu'ils contrôlent et l'oppose à la Russie, pour empêcher le développement des deux entités.

Islam_in_Asia_islam_asia_southeastern_1500px_40x40_.tif1.png



L'arrivée du wahhabisme saoudien, preuve de l'implication US

Comme par hasard, une partie des Rohingyas, convertie au wahhabisme saoudien se lance aujourd'hui dans une guerre contre les militaires birmans.

Dans un article récent intitulé « La nouvelle insurrection d’Asie. Les abus de la Birmanie contre les musulmans Rohingya provoquent une réaction violente », le Wall Street Journal ose affirmer que l'arrivée des islamistes wahhabite soutenue par les saoudiens est une réponse aux violences subies par les Rohingya, et là on comprend mieux l'interêt d'une désinformation à ce propos :

"Maintenant, cette politique immorale a créé une réaction violente. La plus récente insurrection musulmane du monde oppose les militants Rohingya soutenus par les Saoudiens aux forces de sécurité birmanes. Alors que les troupes du gouvernement se vengeaient contre les civils, ils risquaient d’encourager davantage de Rohingya à rejoindre la lutte."

"Appelé Harakah al-Yaqin, appellation en arabe pour « le Mouvement de foi », le groupe répond à un comité d’émigrants Rohingya résidant à la Mecque ainsi qu’à un cadre de commandants locaux ayant une expérience de la guerre en tant que guérilleros à l’étranger. Sa campagne récente – qui a continué en novembre avec des attaques à base d’engins explosifs artisanaux et des raids qui ont tué plusieurs autres agents de sécurité – a été approuvée par les fatwas des clercs en Arabie saoudite, au Pakistan, aux Emirats et ailleurs.

Les Rohingyas n’ont « jamais été une population radicalisée, constate International Crisis Group, et la majorité de la communauté, ses aînés et ses chefs religieux, ont précédemment rejeté la violence jugée contre-productive. » Mais cela change rapidement. Harakah al-Yaqin a été créé en 2012 après que des émeutes ethniques à Rakhine aient provoqué la mort de quelque 200 Rohingyas. On estime que le mouvement dispose à présent de centaines de combattants qualifiés."

Cela rappelle ce qui s'était passé d'une autre manière en Thaïlande :

Les islamistes en Thaïlande

Si on regarde les faits par rapport à la Thaïlande, on peut noter que les attaques des islamistes dans le sud du pays ont commencé lorsque Thaksin Shinawatra, membre du réseau Carlyle, (lié à la CIA), a pris le pouvoir.

À l’époque où Thaksin Shinawatra était 1er ministre, il avait mis fin à tout le système de collaboration entre les autorités thaïlandaises et les dignitaires musulmans.

Système qui avait été mis en place par Prem, le grand stratège, conseiller du roi, et qui avait permis d'établir une bonne entente et une paix durable dans le sud musulman.

Puis Thaksin avait autorisé (ou ordonné) à l'armée de s'en prendre aux musulmans ce qui avait conduit à des horreurs,

Par exemple, en 2004, l'armée avait brutalement réprimé une manifestation de soutien à des musulmans innocents accusés d'avoir livré des armes aux rebelles et des centaines de manifestants avaient été arrêtés, poussés dans des camions militaires et entassés sur cinq couches d'épaisseur : 78 d'entre eux étaient morts étouffés.

Pourquoi casser un système qui marchait parfaitement et s'en prendre à des musulmans innocents ?

Le véritable but des mouvements islamistes dans le sud de la Thaïlande, c'est d’empêcher la construction du canal de Kra, projet équivalent au canal de Suez ou de Panama, qui serait extrêmement bénéfique à la Thaïlande et à la Chine, mais qui dérange énormément les dirigeants US.

Les islamistes tombent à pic pour les USA, car les troublent dans le sud empêchent la mise en place de ce projet.

Thaksin a fait exactement ce qu'il fallait pour protéger les intérêts américains au dépend des intérêts de son propre pays.

Après avoir créé des problème dans le sud, des islamistes wahhabite venant des réseaux terroriste internationaux sont arrivés en Thaïlande et les attentats sanglants ont commencé.

Au plus fort des attaques islamistes dans le sud de la Thaïlande, Thaksin y avait envoyé Anan Panyarachum, un ancien premier ministre et 2eme membre thaïlandais du Carlyle group (lié à la CIA), pour gérer la situation, un choix bien intrigant quand on sait que tout a empiré ensuite.

islamthai.jpg

La Thaïlande profondément divisée par les islamistes

Une partie de la population thaïlandaise avait été choquée par ces attaques islamistes et avait soutenue la politique dure et guerrière de Thaksin envers tous les musulmans alors que le roi Rama IX tentait de garder l'unité du pays et la tolérance entre toutes les religions.

Ce n'est pas un hasard, si ensuite, le coup d'état qui a renversé Thaksin, a été dirigé par un militaire musulman et royaliste...

Mais malheureusement, le fait que le pays soit dirigé par un musulman n'a pas calmé les terroristes wahhabite qui ne combattent pas pour l'Islam ou les musulmans, non, ils servent les mêmes interêts que Thaksin...

Les USA : le véritable ennemi des musulmans modérés en Asie du Sud Est

Toutes les personnes choquées par ce qui se passe en Birmanie au sujet des Rohingyas ou dans le sud de la Thaïlande ne doivent pas montrer du doigt les pays qui luttent pour leur indépendance, mais doivent s'en prendre aux USA, les véritables responsables des crimes commis.

Aujourd'hui, dans toute l'Asie du Sud Est, des imams wahhabites sont en train de transformer les pacifiques musulmans asiatiques en dangereux islamistes et les pays de l'ASEAN devraient se dépêcher de faire comme la Russie, et d'interdire la diffusion de cette secte intégriste wahhabite, qui se propage comme un poison sur toute la planète.

Source :
http://geopolis.francetvinfo.fr/birmanie-pourquoi-tant-de...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rohingya
http://www.investigaction.net/fr/myanmar-de-lessence-et-d...

 

jeudi, 21 septembre 2017

Le Brics prépare la mise en place d'un nouvel étalon-or

etalon-or.jpg

Le Brics prépare la mise en place d'un nouvel étalon-or

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La production mondiale d'or représente 7.400 kilos d'or par jour soit 2.700 tonnes d'or par an (2012). La demande d'or est supérieure à l'offre (de 4.330 tonnes en 2010), dont 50% sont achetés par les joailliers et 38% par les investisseurs. Il y a ainsi un stock de 42.000 tonnes d'or sur la terre.
 
Les réserves connues se trouvent surtout en Afrique du Sud (14%), en Australie (12%) et au Pérou (8%) mais la Chine est le 1er producteur mondial depuis 2007 avec un total de 300 t/an. Ces chiffres n'ont pas beaucoup changé depuis cette date.

A quoi servira l'or chinois? Jusqu'à présent, les excédents commerciaux considérables de la Chine étaient évalués en dollar, et la Chine n'avait pas d'autres possibilités que les convertir en Bons du trésor américains (Treasury securities). Ceci donnait au Trésor fédéral des ressources considérables permettant de financer divers investissements, mais aussi l'armement et la guerre. De plus, Washington pouvait quelque peu manipuler la valeur du dollar pour l'augmenter ou la diminuer en fonction de ses stratégies mondiales. Wall Street pouvait créer en effet sans limites théoriques de nouveaux dollars pour financer les politiques américaines. Les concurrents des Etats-Unis n'avaient aucun moyen pour faire de même. L'eurozone, on le sait, n'avait pas de pouvoir pour procéder de cette façon en utilisant l'euro.

Il apparaît aujourd'hui que le recours à l'or pourra rendre Pékin et Moscou indépendant du dollar et de ses manipulations américaines. Depuis quelques années la Russie et la Chine avaient acheté de grands quantités d'or, dont elles sont par ailleurs des producteurs très importants. Pourquoi faire, si cet or allait dormir dans les caves de leurs banques centrales?

L'or du Brics

Il apparaît maintenant, à la suite des dernières réunions du Brics et de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), que les membres veulent se donner une nouvelle unité de change leur permettant d'échapper à la domination du dollar. L'Inde et le Pakistan sont également intéressés, soit 3 milliards de personnes. Mais cette nouvelle unité de change ne visera pas seulement à concurrencer le dollar. Elle visera surtout à financer les investissements considérables en infrastructures diverses de transport et de création d'industries associées au programme de Nouvelle Route de la Soie, que nous avons souvent présenté sur ce site. Pour que ces investissements soient viables à long terme, il faut absolument qu'ils ne dépendent pas du dollar mais d'une monnaie commune aux pays partenaires du programme.

Le Brics avait envisagé jusqu'à très récemment la création, comme nous l'avons rapporté, d'une unité de change commune qui serait un mix du rouble, du yuan et peut-être d'autres monnaies nationales. Mais cette formule aurait pu inquiéter les épargnants et les investisseurs, du fait des manipulations dont elle pourrait être l'objet de la part notamment de Pékin et de Moscou. Les responsables du Brics considèrent aujourd'hui que cette monnaie serait beaucoup plus rassurante si elle était convertible en or.

Pendant les deux derniers siècles, l'étalon-or avait été considéré comme la monnaie de référence. Il s'agissait du Gold Exchange Standard, organisation du système international des changes qui limite la conversion en or des monnaies pour la compensation des soldes de balances de paiement. En 1933, pour lutter contre la récession,Washington avait suspendu la convertibilité du dollar en or et créé de ce fait la Zone Dollar. Après différentes vicissitudes, celle-ci a été imposée à tous les alliés et partenaires des Etats-Unis. C'est précisément pour sortir de celle-ci qu'un retour à l'étalon-or est envisagé par le Brics et l'OCS. Lors de la dernière réunion du Brics en septembre, Vladimir Poutine a indiqué qu'il soutenait totalement ce projet.

Mais ceci ne se fera pas par un simple retour à l'étalon-or. Ceci se fera par la mise en place d'un « pétro-Yuan » avec lequel la Chine évaluera ses opérations sur le marché pétrolier. Or celui-ci sera convertible en or. La Chine étant le plus important importateur mondial de pétrole, une zone dite pétro-yuan pourra aisément concurrencer le pétro-dollar. La Chine étant par ailleurs le premier producteur mondial d'or, elle pourra échapper à d'éventuelles manœuvres visant à agir sur la valeur de celui-ci en restreignant ou augmentant sa production.

Nous avons indiqué dans un article précédent http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2695...) que le Vénézuela venait d'adopter le petro-yuan pour toutes ses opérations en gaz et pétrole. Il s'agit d'un premier pas important pour la mise en place d'un étalon que nous pourrions nommer pour simplifier pétro-yuan-or. En lui donnant sans doute un nom plus aimable, les pays du Brics institutionnaliseraient de ce fait un nouvel étalon-or. Il est très possible que les pétro-monarchies du Golfe décident de le rejoindre.

 

Conséquences pour l'eurozone

La structuration d'une vaste zone Eurasiatique, dotée non seulement d'une monnaie commune mais de politiques d'investissements coordonnées devrait rendre impérative pour les Etats européens utilisateurs de l'euro la transformation de l'eurozone en véritable Etat fédéral, capable de faire équilibre à la nouvelle Eurasie. C'est semble-t-il une perspective évoquée timidement par Emmanuel Macron et contredite explicitement par Jean-Claude Juncker dans son dernier discours sur l'état de l'Union. Ce devrait être également une raison incitant les Etats européens non utilisateurs de l'euro (Grande Bretagne exceptée) à rejoindre l'eurozone.

Il faudra évidemment aussi que cette Europe renforcée soit capable de s'affranchir une fois et pour toutes du contrôle américain. Sinon l'eurozone deviendra plus encore qu'actuellement une annexe de la zone dollar. On peut craindre que vu le poids des intérêts financiers et économique pesant sur l'Europe, ceci ne se fasse pas.

Note au 19/09

Sur le sujet du pétro-yuan, voir un article du GEAB daté du du 19/09 

http://geab.eu/crise-systemique-occidentale-2017-2019-le-...

mercredi, 20 septembre 2017

La déstabilisation du Myanmar: un plan américain pour créer un ‘Rohingyaland’, sorte de ‘Kosovo’ d’Asie du Sud-est

arméebirmanemyanmar.jpg

La déstabilisation du Myanmar: un plan américain pour créer un ‘Rohingyaland’, sorte de ‘Kosovo’ d’Asie du Sud-est

La mise en place d’un « Kosovo » asiatique

C’était trop tentant pour que les États-Unis puissent résister à la politisation d’une crise géopolitique aussi prometteuse ; comme prévu, ils ont trouvé le moyen d’intervenir diplomatiquement. Le leader de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, s’est prononcé contre le gouvernement du Myanmar et a agrémenté sa déclaration avec des nuances fortes de « rhétorique d’intervention/responsabilité humanitaire pour protéger » lorsqu’il a annoncé « qu’il était nécessaire que le gouvernement fasse tout son possible pour protéger les Rohingyas et assumer ses responsabilité vis-à-vis des membres d’un groupe minoritaire religieux qui souffre depuis longtemps et dont des milliers d’entres-eux ont été forcés de partir en haute mer sur des navires improvisés et dangereux pour échapper à la persécution ». En affirmant que le gouvernement était responsable de ce qui arrivait aux Rohingyas à l’étranger (une affirmation absolument ridicule au niveau de n’importe quel Etat), McConnell a jeté de l’huile sur le feu. Ouvrant  la porte aux États-Unis pour renforcer potentiellement leur participation à la « médiation » de la situation dictant ainsi des « solutions » pour y mettre fin. En fait, le président Obama avait déjà établi un lien entre « la démocratisation » et la situation des Rohingyas par son gouvernement; et le Département d’Etat avait exigé qu’on leur donne la citoyenneté immédiatement. Les États-Unis poursuivent clairement des intérêts ultérieurs en utilisant la crise humanitaire comme couverture pour donner des sommations au Myanmar; mais quel est exactement leur finalité ?

Vers un modèle de fédération:

Plus que tout, les États-Unis veulent affaiblir la centralité de l’Etat du Myanmar et imposer un modèle de fédération au pays. Si un tel modèle de gouvernement pourrait être une étape constructive vers la résolution des crises internes de certains pays (par exemple, l’Ukraine), dans d’autres, il ne peut qu’accélérer le démantèlement de l’État. Le Myanmar tombe dans la deuxième catégorie, car un système de fédération conduira inévitablement à un archipel d’États-nations autonomes dispersés tout au long de la périphérie du pays et, bénéficiant d’un pouvoir accru dans leur nouveau cadre, ils pourront s’opposer plus efficacement à la règle centrale. Non seulement cela, mais ils seraient extrêmement vulnérables au lobbying étranger en faveur de leurs positions anti-gouvernementales, et les États-Unis pourraient les coopter afin de garantir que le Myanmar reste faible et divisé dans un avenir prévisible. Le cas échéant, les États-Unis pourraient également manipuler chacun des États-nations autonomes l’un contre l’autre afin de créer une crise territoriale ou politique qu’ils pourraient alors exploiter pour intensifier leur implication dans les affaires intérieures du Myanmar, et peut-être même un jour prendre la décision de démanteler entièrement l’Union du Myanmar (le nom officiel de l’état), en utilisant comme modèle le sanglant précédent yougoslave

[…]

L’automne Rohingya:

Pour arriver à ce point, cependant, les États-Unis doivent pousser le gouvernement du Myanmar dans une position critique afin que ce dernier mette fin à sa politique d’unité et accepte finalement une fédération. Comme expliqué précédemment, la manière la plus concevable par laquelle cela pourrait être atteint est que les Rohingyas commencent une rébellion à grande échelle contre les autorités. Un soulèvement sérieux dans l’État côtier du Rakhine pourrait être plus facilement soutenu par les clients étrangers (c’est-à-dire les États-Unis) que ceux qui ont cours depuis des décennies dans la périphérie, mais si ces derniers reçoivent l’ordre stratégique de renouveler leur campagne anti-gouvernementale en coordination simultanée avec une rébellion rohingya, alors les autorités se retrouveraient placées dans une situation extrêmement précaire et sans précédent

[…]

Le modèle syrien:

La guerre hybride des États-Unis contre le Myanmar pourrait très probablement suivre le modèle syrien impliquant un soutien intensif des pays de la région, en particulier, ceux dans lesquels de nombreux rohingyas se sont déjà installés. Cela signifie que le Bangladesh, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie auraient la possibilité d’adhérer à une alliance contre le Myanmar, car chacun de ces pays pourrait entraîner certains de leurs Rohingyas aux techniques des révolutions de couleur et/ou des guerres non conventionnelles avant de les renvoyer dans leur pays d’origine pour un déploiement futur. Un tel plan reflèterait ce que la Turquie, la Jordanie et l’Arabie saoudite font actuellement contre la Syrie, puisque chacun d’entre ces pays a déjà formé des Syriens (et des membres d’autres nationalités) sur leur territoire et ce depuis des années. Ce que les États asiatiques nommés ci-dessus feront contre Myanmar n’est pas différent, puisque cela suivra le même modèle éprouvé que les États-Unis ont mis au point au Moyen-Orient.

Cependant, ces quatre pays ne participeraient peut-être pas tous, car les considérations politiques au Bangladesh et en Thaïlande pourraient empêcher leur participation. La Malaisie et l’Indonésie, tout en gardant leurs réserves respectives, pourraient être tentées de jouer un rôle actif dans ce prochain conflit si les États-Unis réussissaient à les convaincre qu’elles lutteraient contre la discrimination anti-musulmane au Myanmar. Les Américains pourraient aussi proposer certains avantages économiques pour obtenir cette alliance, par exemple en acceptant de financer la plupart ou l’ensemble de l’opération tant que les territoires des pays respectifs pourront être utilisés comme bases de formation. En outre, ils pourraient faire pression sur Kuala Lumpur et Jakarta en ne continuant de maintenir le soutien existant (politique, militaire ou économique) qu’à la condition que ces derniers rejoignent la « coalition ». En échange de leur coopération, les États-Unis pourraient leur assurer un soutien dans la lutte contre l’Etat islamique s’il établit un point de convergence dans la région qui va de Mindanao à Sulawesi, comme cela a été spéculé avec inquiétude lors de la réunion du Dialogue de Shangri-La. Peu importe si les États-Unis sont sincères dans ce gage ou non (ils pourraient même obtenir un avantage stratégique en faisant venir l’Etat islamique dans la région), mais ce qui importe ici, c’est que cette promesse atténue la peur d’une plus grande insécurité en Malaisie et, par conséquent, l’influence dans son acceptation de l’opération Rohingya.

Le chaos pour une fin créative

Le faiblesse du Myanmar n’est pas la seule raison pour laquelle les États-Unis soutiennent les Rohingyas, car ces derniers ont de plus grands objectifs à l’esprit, ce qui serait grandement facilité. Voici ce que les États-Unis ont en projet pour l’Asie du Sud-est:

Des bases américaines:

La création d’un Rohingyaland indépendant ou en grande partie autonome pourrait conduire à la création de la première base américaine de l’Asie du Sud-est, de même que la fabrication du « Kosovo » a conduit à la mise en place du Camp Bondsteel comme premier avant-poste dans les Balkans. Les États-Unis pourront exploiter la préoccupation humanitaire entourant les Rohingyas afin de faire pression pour que des « observateurs » occidentaux « surveillent » la situation au Myanmar et l’éclatement d’une rébellion à grande échelle pourrait éventuellement déboucher sur une intervention internationale (« justifiée » par le faux prétexte « d’intervention humanitaire/responsabilité de protéger ») pour les soutenir. Quelle que soit la façon dont cela se développe, il est évident que les États-Unis aimeraient mettre en place une possible base militaire stratégique dans la région, car cela leur permettrait d’exercer une influence plus directe sur le reste du Myanmar, le Bangladesh, le nord-est de l’Inde (où les États-Unis pourraient contribuer à une déstabilisation supplémentaire afin de punir Modi pour les mouvements multipolaires majeurs à venir), et la province centrale du Yunnan en Chine.

myanmar army.jpg

Briser le BCIM:

L’intérêt des États-Unis dans ce coin de l’Asie du Sud repose sur le corridor commercial BCIM qui reliera le Bangladesh, la Chine, l’Inde et le Myanmar. Si ce plan ambitieux était mis en œuvre, la Route de la soie de l’Asie du Sud-est qui en résulterait réduirait considérablement les tensions entre l’Inde et la Chine, stabiliserait le ressentiment indigène du Nord-est et la périphérie rebelle de Myanmar et jetterait les bases d’un développement tangible dans cette région transfrontalière appauvrie. Tous ces avantages favoriseraient la multipolarité dans le couloir de quatre pays et renforceraient leurs défenses contre l’unipolarité rampante, d’où la raison pour laquelle les États-Unis ont un intérêt important à saboter le projet en utilisant ses manipulations rohingyas.

L’enjeu des pipelines:

La géopolitique de l’énergie est la motivation directrice pour la grande majorité des décisions géopolitiques américaines, notamment ses conceptions décrites contre le Myanmar. La Chine a récemment ouvert deux pipelines stratégiques de pétrole et de gaz traversant le pays, qui, par ailleurs, se terminent dans l’État de Rakhine. Comme on le sait, Pékin dépend de manière disproportionnée des envois d’énergie en transit par le point stratégique du détroit de Malacca, et l’ouverture de routes alternatives est l’ordre stratégique le plus élevé pour assurer la sécurité énergétique de la Chine. Alors que ses mouvements au Myanmar sont certainement un pas dans cette direction, si l’État de Rakhine est déstabilisé par une crise future (révolution de couleur et/ou guerre non conventionnelle), ou devient autonome/indépendant sous la tutelle américaine, alors l’avantage stratégique que Pékin tire de ces les pipelines seraient annulés et inversement deviendraient une vulnérabilité considérable.

Guerre de procuration contre la Chine:

La déstabilisation au Myanmar pourrait être exploitée pour inciter la Chine à une intervention conventionnelle, ce qui est certainement probable, mais elle pourrait également être utilisée pour la déstabiliser par d’autres moyens aussi. Un retour à la guerre à grande échelle pourrait conduire à une crise humanitaire au Yunnan avec des centaines de milliers de réfugiés qui arriveraient dans la province. Les combats limités entre le gouvernement du Myanmar et les rebelles de Kokang au début de cette année ont créé une sensation internationale mineure lorsqu’un nombre important et non prévu de gens ont fui vers la Chine. Depuis, certains d’entres-eux sont censés être repartis. La République populaire aurait eu des difficultés pour accueillir les réfugiés, démontrant qu’elle n’était pas préparée pour cette situation. Il faut comprendre que les combats qui ont provoqué cet exode humanitaire étaient relativement faibles et d’une intensité mineure, donc toute reprise réelle de la guerre ethnique sur toute la frontière entre le Myanmar et la Chine rendrait la crise antérieure de réfugiés minime en comparaison et créerait de sérieux défis pour Pékin.

Terrain de jeu djihadiste:

Enfin, le problème Rohingya pourrait devenir un cri de ralliement pour les djidhadistes internationaux en raison des allégations de violence bouddhiste contre les musulmans. Les experts annoncent déjà que l’Etat islamique recrute des Rohingyas mécontents, et il ne faut pas oublier que son rival d’Al-Qaïda cherche également à s’installer dans la région. Alors qu’une multitude d’opportunités régionales exploitables se présentent pour tout groupe djihadiste intéressé, la cause rohingya est la seule qui a déjà reçu une reconnaissance mondiale et une sympathie quasi universelle, ce qui implique une certaine « légitimité morale » pour les aspirants terroristes. Si l’Etat islamique ou Al-Qaïda se nichent dans l’État de Rakhine, les répercussions déstabilisantes seraient énormes dans toute la région. En fait, cela pourrait même inciter l’Inde et/ou le Bangladesh à organiser une sorte d’intervention, en particulier si les terroristes basés au Rakhine commettent des attaques contre ces pays. Il suffit de dire que l’introduction du terrorisme islamique dans l’État de Rakhine conduirait assurément à une plus grande internationalisation de la question rohingya et constitue une menace pour la sécurité des gouvernements de la région.

Buddhist-Monks-Against-Rohingya-1-600x400.jpg

Pensées finales

Le sort des Rohingyas provoque une préoccupation compréhensible chez beaucoup de personnes, mais l’aspect malheureux est que les États-Unis manipulent la réponse émotionnelle à court terme avec la crise actuelle des réfugiés afin de poursuivre leurs intérêts géopolitiques à long terme en Asie du Sud-est. La création prévue d’un « Rohingyaland » pro-américain autonome ou indépendant est semblable au même modèle stratégique qu’ils ont mis en place au « Kosovo », sauf que les États-Unis peuvent maintenant atteindre leurs objectifs grâce aux leçons indirectes de la Guerre Hybride qu’ils ont perfectionnés en Syrie. La croisade pour la création de cet Etat est intrinsèquement liée à la destruction de l’Etat hôte ciblé, ce qui, dans ce cas, verrait le « Rohingyaland » être baptisé par une mer de feu en se séparant du Myanmar. Les États-Unis ont des raisons géopolitiques concrètes pour soutenir les Rohingyas, principalement en ce qui concerne l’établissement de leur première base prévue en Asie du Sud-est continentale et leur désir de couper les itinéraires des pipelines chinois à travers le Myanmar. En outre, avec un avant-poste régional ferme au « Rohingyaland » (direct ou par procuration), les États-Unis peuvent entraver le corridor commercial multipolaire du BCIM et pousser leur influence au Bangladesh, au nord-est de l’Inde, au reste du Myanmar et peut-être même dans la province du Yunnan. Les prochains mois seront révélateurs de la mesure dans laquelle les États-Unis envisagent de soutenir le « Rohingyaland », mais, au vu des indications actuelles, il semble que ce soit une cause que Washington n’abandonnera pas de sitôt.

Par  

Andrew Korybko est analyste politique et journaliste de Sputnik. Il vit actuellement à Moscou.

Article original complet et en anglaishttps://orientalreview.org/2015/06/09/american-plan-for-a...

Traduit par La Gazette du citoyen

Source: http://lagazetteducitoyen.over-blog.com/2017/09/la-destab...

Recul prévisible du dollar face au yuan (chinois)

dolar-yuan.jpg

Recul prévisible du dollar face au yuan (chinois)

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nicolas Maduro, président du Vénézuela, dont beaucoup prévoyait la chute du fait d'un soulèvement des classes supérieures vénézuéliennes armées par la CIA, voire d'une intervention militaire américaine, comme Trump l'avait laissé entendre, est toujours debout. Bien plus, il vient de passer à l'offensive contre le roi-dollar.
 
C'est en effet dans cette monnaie que sont cotées les ventes de pétrole et gaz vénézueliennes. Celles-ci avaient perdu beaucoup d'importance du fait de la baisse internationale du baril. Le brent était coté cet été aux environs de 50 dollars le baril soit moins de la moitié de ce qu'il valait dans ses heures glorieuses. Il paraît devoir remonter ces dernières semaines, mais le mouvement s'il se fait sera lent. Une grande partie des ressources du pays repose sur les exportations de pétrole. Ceci veut dire que des manipulations américaines intentionnelles du cours du dollar pouvaient fragiliser considérablement le gouvernement. Or elles étaient à craindre dans le cadre des sanctions décidées par Washington contre le régime.

Pour éviter ce risque, Maduro avait annoncé qu'il n'accepterait plus les paiements en dollars. L'euro avait été un moment envisagé, mais Caracas craignait que, vu la dépendance politique de Bruxelles à l'égard de Washington, les Européens appliquent eux-aussi des sanctions via l'euro. Aussi le 13 septembre dernier, le vice-président vénézuélien Tareck El Aissami avait annoncé que le pays exigerait des partenaires économiques du pays que les opérateurs utilisent un panier de devises excluant le dollar.

Le 15 septembre, le ministre du pétrole vénézuélien avait indiqué qu'en fait les cours des produits pétroliers seraient calculés en yuan. Il a par ailleurs annoncé que celui-ci s'établissait à 306,26 yuan le baril (306,26 petro-yuan), en hausse de 1,8 % par rapport à ceux de la semaine précédente.

Il faut rappeler que, lors de la dernière réunion du Brics, les membres avaient confirmé leur ambition de mettre en place une monnaie de change commune reposant principalement sur le yuan et le rouble. Ce projet avait paru encore un peu vague. On peut penser que, la Russie jouant un rôle important dans la survie du régime vénézuélien, les trois pays se mettront d'accord pour rechercher une unité de change incluant le petro-yuan. Vu que les réserves pétrolières vénézueliennes seraient les plus importantes du monde, le petro-dollar et par conséquent le dollar, verraient leur domination mondiale quelque peu ébranlée.

NB. Nous reviendrons prochainement sur la campagne mondiale de dédollarisation lancée par le Brics. Elle dépasse largement le cas du Vénézuela.

L'Etat profond américain

deep-state-swamp-ben-garrison_1_orig-800x500_c.jpg

L'Etat profond américain

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le journaliste Aaron Kesel présente sur le site «  alternatif » américain ActivistPost, les révélations d'un ancien agent de haut rang de la CIA, Kevin Shipp, devenu lanceur d'alerte (voir référence ci-dessous). Elles concernent la consistance exacte de l'Etat profond américain et du « shadow government » ou gouvernement de l'ombre qui dirigent effectivement les Etats-Unis à l'abri des institutions officielles, y compris le Président.
Il sera toujours possible de contester les révélations de Kevin Shipp, au prétexte qu'elles seraient « conspirationnistes ». Pour notre part, sans nécessairement prétendre apprécier leur exactitude de détail, nous les retiendrons avec d'autant plus d'intérêt qu'elles permettent d'expliquer beaucoup de décisions américaines qui surprennent voire scandalisent jusqu'aux alliés des Etats-Unis.

Pour Kevin Shipp, l'Etat profond américain et le « shadow government » constituent deux entités distinctes mais coordonnées. Le « shadow government » contrôle l'Etat profond, lequel lui même manipule le gouvernement élu officiel.

Parmi ces révélations, nous retiendrons celles confirmant ce que nous avions depuis longtemps exposé sur nos sites. Ainsi la CIA et un organisme d'espionnage moins connu dit Geospatial Intelligence Agency contrôle Google et ses plus importantes filiales, tel Keyhole Inc, https://www.crunchbase.com/organization/keyhole-inc#/entity Celle-ci est responsable notamment de Google earth https://www.google.fr/intl/fr/earth/ grâce auquel aujourd'hui pratiquement toutes les villes du monde sont identifiées rue par rue. Cette base de données est indispensable pour mener des opérations d'espionnage géo-localisées.

Pour sa part, l'Agence gouvernementale dite Joint Special Ops Command (JSOC) s'affirme comme « l'armée secrète du Président ». Elle est capable de mener dans le monde entier des assassinats secrets et autres opérations destinées à déstabiliser les gouvernements. Bien entendu, la plupart de ces opérations sont menées sans l'accord du Président, qui n'en est souvent même pas informé.

Shipp a évidemment confirmé ce que chacun d'un tant soit peu informé savait, le fait que la CIA et la NSA (National Security Agency) constituent l'essentiel du shadow government. La CIA est le noeud, comme l'on sait aussi, de 16 autres agences d'espionnage. Elle contrôle toutes les entreprises de défense ou de renseignement privées, ainsi que, plus directement, tous les grands médias, dit mainstream media (MSM.)

L'Etat profond est constitué du CMI, complexe militaro-industriel et de hauts responsables au sein de Wall Street, la Banque fédérale de réserve, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, le Trésor et les principales banques. Toujours selon Shipp, ce que l'on savait moins, il existe aux Etats-Unis 10.000 sites secrets agissant sur les hommes politiques et l'opinion, 1.291 agences gouvernementales au plan fédéral et de celui des Etats, 1930 entreprises privées et 4.800000 citoyens dotés d'habilitations (secrecy clearance) pour mener des actions d'espionnage ou d'influence, ou pour participer à des « coups » petits ou grands.

Le Congrès est dominé par le CMI à travers le Congressional Armed Services Committee groupant 48 représentants et sénateurs de haut niveau dont l'élection et les décisions font l'objet de très importants financements clandestins provenant du CMI.

L'article de Aaron Kesel donne également des détails sur la carrière et les habilitations de Kevin Shipp. Il est moins clair sur les motivations que l'ont poussé à devenir lanceur d'alerte. Mais, quelles que soient ces motivations, les révélations qu'il a fait confirment et précisent comme nous l'avons indiqué plus haut, ce dont toute personne un peu informée se doutait.

Ajoutons que beaucoup des « amis » indéfectibles des Etats Unis prétendront que ces faits, aussi scandaleurx qu'ils puissent paraître aux naïfs, se retrouvent à l'identique au niveau de tous les Etats, la Russie, la Chine et la France notamment. Mais il ne semble pas que, même en Russie, les diverses agences disposent d'autant de moyens qu'aux Etats-Unis.

De plus, ni la Russie ni la Chine ne prétendent  être des démocraties.

Source
Voir Aaron Kesel, dans ActivistPost.com, du 15 septembre 2017, « High Ranking CIA Agent Blows Whistle On The Deep State And Shadow Government »

https://www.activistpost.com/2017/09/high-ranking-cia-whi...

mardi, 19 septembre 2017

Les Etats-Unis risquent bientôt de ne plus pouvoir assumer les coûts des guerres

cuts.jpg

Les Etats-Unis risquent bientôt de ne plus pouvoir assumer les coûts des guerres

par Beat Kappeler, ancien syndicaliste, économiste et chroniqueur suisse

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Tout est lié – de nouveaux soldats américains en Afghanistan, la lutte pour limiter les dettes et le déficit budgétaire ainsi que le cours du dollar et du franc suisse.


Pour garder la vue d’ensemble à plus long terme, empruntons donc une méthode de l’historien britannique Peter Heather. Dans son analyse historique «The Fall of the Roman Empire», il décrit comment – en raison de la chute des recettes étatiques et de la hausse des déficits – Rome était de moins en moins en mesure de financer ses troupes. Plus l’Empire perdit de terres et de provinces, plus l’argent se raréfia. Suite à la réduction des troupes, d’autres provinces durent être abandonnées à l’ennemi – une spirale de la mort.
Nous allons appliquer cela aux Etats-Unis, où le Congrès et le président luttent pour obtenir une limite plus élevée de l’endettement. Car les dettes sont déjà plus élevées que la production d’un an de cet immense pays. Jusqu’à présent, elles ont été financées par des crédits. Rome payait en monnaie de toujours plus mauvaise qualité. C’est là qu’intervient le levier inexorable de l’Histoire. Le déficit budgétaire est de 680 milliards de dollars. Les dépenses militaires sont au même niveau et également la croissance économique en dollars. Le calcul est donc simple – tout ce qui est produit en plus, va dans les dépenses militaires, et celles-ci sont empruntées à crédit. Ces déficits courants absorbent toute la croissance et toutes les augmentations de salaires et de prix. Suite à cela, les dettes augmentent proportionnellement plus vite que l’économie nationale, elles augmentent massivement d’année en année. Cela fait baisser les taux d’intérêt, ce qui fait augmenter le déficit.


Contrairement à la Rome antique, ces dettes militaires ont d’abord été financées avec du papier – avec des obligations émises par l’Etat. Neta Crawford du Watson Institute a évalué les dépenses pour toutes les interventions impériales dans le domaine de l’antiterrorisme en Irak, en Syrie, au Pakistan et en Afghanistan depuis 2001 à 5000 milliards de dollars. Depuis, la banque centrale a racheté 4000 milliards de dollars de dettes publiques. Des quantités correspondantes d’argent nouvellement imprimé ont alimenté la hausse boursière, les gains du secteur financier, les comptes des banques auprès de la banque centrale, mais moins l’économie nationale. Par l’acquisition des titres de créances, les intérêts de l’Etat sont tombés à 1,3% en moyenne, ou 266 milliards par an. Maintenant la banque d’émission ne veut plus acheter d’obligations d’emprunts et désire normaliser les taux d’intérêts ce qui pourrait hisser le service des intérêts des années à venir à 600 milliards et plus. C’est-à-dire que les dépenses militaires du passé vont massivement faire augmenter les déficits futurs, et l’heure de la vérité approche: ce sera pour les Etats-Unis le moment de faire des économies. Comme dans la Rome antique, il manquera chaque année davantage d’argent pour des légions entières. Comme les dépenses destinées aux redistributions à l’intérieur du pays sont largement liées et politiquement inattaquables, on ne pourra faire des économies que dans le domaine militaire, et cela massivement. La seule issue serait la Banque d’émission qui devrait retourner à la création massive d’argent. Mais cela ferait plonger le dollar, ce qui ferait encore davantage baisser la réputation des Etats-Unis. Les agences de notation menacent déjà de dégrader à nouveau la solvabilité de l’empire. Malheureusement, le franc suisse serait réévalué.


Les guerres ont aussi des conséquences humaines dramatiques, celles-ci ont également des répercussions économiques aux Etats-Unis. Pour un soldat actif en mission, il y a déjà 16 vétérans au pays. Ce sont 21 millions de personnes, pratiquement le double du nombre de travailleurs dans l’industrie américaine. Cela, il faut le payer deux fois, car il manque le rendement économique de millions de jeunes hommes et les retraites, les maladies des vétérans coûtent cher. Cela augmente également le déficit du commerce extérieur qui est déjà très élevé. La qualité de vie des Américains diminue, car il manque de l’argent à l’intérieur du pays. L’intervention massive en Afghanistan sous le président Obama – le modèle pour l’intervention actuelle – a coûté 100 milliards par an, pendant plusieurs années. C’est la même somme que le président Trump voulait dépenser pour les infrastructures bancales. Cela a aussi disparu.


Y a-t-il des alternatives? Car l’Irak, la Syrie, le Pakistan et l’Afghanistan ne se sont pas tous transformés en «a better place», comme les Américains aiment à dire.


Nombreux sont ceux qui pensent qu’avec leur extension mondiale les Etats-Unis convoitent les matières premières. Le ministre des mines de l’Afghanistan les a proposées pour 3000 milliards cette semaine. Mais on peut aussi se procurer ces mines et le pétrole du Moyen-Orient en déposant quelque chose dans les mains tendues des tribus et des dirigeants de la région. Cela coûte beaucoup moins, et l’on peut obtenir le bon comportement aussi en menaçant de bloquer tout paiement. L’Empire romain et les Habsbourgeois se sont les deux procurés deux siècles de paix en payant leur tribut aux Barbares et aux Ottomans. Cependant, si les firmes occidentales payaient, elles s’effondreraient sous la tempête d’indignation des défenseurs de l’éthique et de la gouvernance. On y ajouterait des plaintes, des décisions judiciaires et des amendes à hauteur de milliards. Mais entend-on hurler ces défenseurs de l’éthique et de la gouvernance quand il s’agit de mener de nouvelles guerres? Non, le droit des sociétés anonymes, une comptabilité péniblement propre, et une gouvernance politique entêtée sont plus importants qu’une paix facilement suspecte. On préfère la guerre aux pots-de-vin. Trump n’est pas le seul qui manque de morale, l’Occident n’en a pas non plus.     •


(Traduction Horizons et débats)

«Comment l’Europe devient le jouet de la politique et des services secrets»

deutschland_zwischen_den_fronten.jpg

«Comment l’Europe devient le jouet de la politique et des services secrets»

Analyse de livre

par Felix Meier*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Peu de personnes sont capables de présenter ouvertement et de manière critique le travail des services secrets. Initié, l’auteur et fondateur de l’Office fédéral autrichien de protection de la Constitution et de lutte contre le terrorisme nous révèle, pour la première fois, un aperçu raffiné des dessous du combat pour l’Europe. Gert R. Polli a collaboré avec tous les services secrets du monde. Il connaît les liens entre l’économie, la politique et les services de renseignements. Dans ce livre, il se penche sur la nouvelle et actuelle situation géopolitique de notre monde, entrainant pour l’Allemagne le fait d’être «prise entre deux feux». L’auteur décrit les limites diffuses entre renseignement et désinformation, défense et attaque cachée, action politique et agitation. Ce livre souhaite apporter une contribution à davantage de transparence au sein de la société démocratique et libérale.


L’Europe – et donc aussi l’UE – se trouve dans une situation sécuritaire des plus précaires. Selon l’auteur, l’Allemagne est devenu un facteur-clé pour l’existence de l’UE, telle que nous la connaissons. Pendant des décennies, un partenariat mal compris avec les Etats-Unis a mené à un contrôle et une surveillance généralisés de l’Europe et notamment de l’Allemagne. En première ligne se trouvent les services de renseignement américains et leurs informateurs. Active à l’arrière-plan, le BND [services de renseignement fédéraux allemands, ndt.], a joué un rôle très particulier. Ces informations et de nombreuses autres informations à caractère sensible ont été divulguées grâce au whistle-blower américain Edward Snowden. Les conclusions qu’il faut en tiré sont très inquiétantes pour la politique et l’économie allemande. Les analyses plutôt «amicales» faites au cours du travail de la Commission d’enquête du Bundestag au sujet de la NSA ne peuvent pas le cacher: l’Allemagne est aujourd’hui encore un pays occupé.


La politique, l’économie et les divers services secrets allemands sont, selon l’auteur, étroitement imbriqués et dépendants des services de renseignements étrangers.


Le terrorisme international, en faisant entrer la guerre au cœur de l’Europe, renforce la lutte globale pour les ressources naturelles. L’Union européenne se trouve dans la crise la plus sérieuse de son existence. Suite à l’avènement de nouveaux partis d’extrême droite, d’extrême gauche ou critiques à l’égard d’UE, on observe au sein de celle-ci, des transformations dans les structures démocratiques.


Selon Polli, il n’est plus guère possible pour les citoyens de reconnaître les acteurs se trouvant derrière ses transformations. Les services secrets sont au premier plan les forces responsables de ces transformations globales.    •

*    Felix Meier est colonel à la retraite, ancien officier supérieur du renseignement et ancien président de l’Association suisse des officiers de renseignements.

Polli, Gert R. Deutschland zwischen den Fronten. Wie Europa zum Spielball von Politik und Geheimdienst wird. Finanzbuchverlag 2017

lundi, 18 septembre 2017

Michel Grabar: Pourquoi les USA ont peur de l'Eurasie

eurasieCarte.jpg

Michel Grabar: Pourquoi les USA ont peur de l'Eurasie

 
Vice-président du Conseil de coordination du Forum des Russes de France, Michel Grabar est maître de conférences en langue et littérature à l’Université de Rennes et spécialiste de l’Eurasie. Ce descendant de Russe blanc évoque très librement ce concept d’Eurasie qui se traduit sur le plan institutionnel, géographique, géopolitique mais aussi idéologique à travers tout le travail exemplaire entrepris par Alexandre Douguine.
 
Michel Grabar évoque aussi la question du leadership de l’Eurasie entre la Russie et la Chine mais il rappelle avec fougue que la Chine est avant tout une nation asiatique. Le propos de l’universitaire est en rupture avec ce que les médias professent quotidiennement.
 
 
► Faites un don pour soutenir le travail de TV Libertés : http://www.tvlibertes.com/don/
► Retrouvez l'actualité de la WebTV sur notre site : http://www.tvlibertes.com/
► Suivez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/tvlibertes
► Suivez ce lien pour nous suivre sur Twitter : https://twitter.com/tvlofficiel
► Vous pouvez également faire un don directement via Facebook : https://www.facebook.com/tvlibertes/a...

samedi, 16 septembre 2017

Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

europe-pas-le-monde-un-appel-a-la-lucidite.jpg

Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

En trois quarts de siècle, le projet européen en partie formulé par les milieux non-conformistes de l’Entre-deux-guerres est devenu un cauchemar pour les peuples du Vieux Continent. Dans le cadre d’une mondialisation désormais illimitée, les sectateurs mondialistes de l’actuelle imposture européenne ne cachent même plus leur volonté d’intégrer au plus vite cet espace dans un ensemble planétaire global.

Cette terrible désillusion favorise le souverainisme national et les
revendications régionalistes. Faut-il pour autant rejeter toute idée européenne?

Non, affirme Georges Feltin-Tracol qui en appelle à une salutaire lucidité.
Ancien animateur de la revue L’Esprit européen et collaborateur naguère à Éléments pour la civilisation européenne, ce Français d’Europe (ou Européen de France) considère que l’Europe n’est pas ouvert aux populations du monde entier, mais l’héritage des peuples boréens. Se détournant à la fois de l’État-nation dépassé, du mondialisme mortifère et d’un altermondialisme parodique, il envisage un autre défi continental, soucieux de la personnalité historique de ses cultures et susceptible d’assumer un destin de puissance géopolitique.

Contribution révolutionnaire pro-européenne à la grande guerre des idées, ce recueil d’articles, d’entretiens, de conférences et de recensions démontre la persistance d’un authentique esprit européen, surtout si de nouvelles chevaleries militantes surgies des communautés populaires enracinées relèvent le nouvel enjeu civilisationnel du XXIe siècle : maintenir la spécificité albo-européenne. Pendant que se prolonge l’éclipse de l’Europe, c’est dans la pénombre que s’esquissent quelques jalons fondamentaux d’une nouvelle Europe polaire, fière et solsticiale.

Pour commander l'ouvrage:

http://www.ladiffusiondulore.fr/home/669-l-europe-pas-le-...

Né en 1970, collaborateur aux revues dissidentes Réfléchir & Agir et Synthèse nationale, rédacteur en chef et co-fondateur du site identitaire de langue française Europe Maxima, présent sur des sites Internet rebelles comme EuroLibertés, Georges Feltin-Tracol est aussi conférencier, chroniqueur radio et essayiste.
Auteur, seul ou en collaboration, d’une dizaine d’ouvrages, il a publié en 2016 aux Éditions du Lore Éléments pour une pensée extrême.

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

us-imperialism-2007.jpg

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

Richard Labévière
Journaliste,
Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

pentaUSvue.jpg

Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

En juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

Korbo.Made-in-USA.-18.112013.jpg

Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière, 15 septembre 2015

vendredi, 15 septembre 2017

En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

alnosra1021983846.jpg

En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

Maxime CHAIX
Ex: https://www.legrandsoir.info

Alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes au Moyen-Orient, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN ne peut et ne doit plus être éludée

Récemment, le Washington Post a annoncé la fin du soutien de la CIA en faveur des rebelles « modérés », confirmant qu’en 2015, ceux-ci menaçaient de renverser Bachar el-Assad mais que cette issue chaotique fut empêchée par l’intervention militaire directe de la Russie cette même année. Chaotique, car le chroniqueur du Post, David Ignatus, vient de souligner dans ce même journal que Washington et ses alliés ne pouvaient proposer d’alternative politique viable, démocrate et modérée face au gouvernement syrien.

D’après le spécialiste de la Syrie Charles Lister, qui regrette ouvertement la fin de cette guerre secrète coordonnée par la CIA, l’Agence aurait constitué une force de 45 000 combattants à travers cette opération, dont nous savons depuis janvier 2016 qu’elle a pour nom de code « Timber Sycamore ».

Or, comme le rappelle l’universitaire américain Joshua Landis, ces rebelles « modérés » appuyés par la CIA et ses partenaires ont combattu jusqu’en janvier 2014 aux côtés de la milice terroriste qui allait devenir l’« État islamique » (EI) six mois plus tard, lors de la proclamation du « califat » par Abou Bakr al-Baghdadi. Cet argument est confirmé par l’expert de la Syrie Fabrice Balanche, qui a souligné à l’auteur de ces lignes que « les rebelles n’ont combattu Daech qu’à partir de l’hiver 2013-2014. Avant cette période, ils étaient main dans la main avec cette organisation. » 

alarahamob_64ea51_ahrar2.jpg

Depuis qu’ils ont rompu avec l’EI, ces groupes soutenus par la CIA et ses alliés se sont majoritairement coordonnés avec la branche d’al-Qaïda en Syrie, qui s’est appelée le Front al-Nosra jusqu’en juillet 2016, avant de changer de nom et de rompre superficiellement son allégeance au réseau de feu Oussama ben Laden.

Comme le New York Times le soulignait en octobre dernier, lors de la bataille finale pour la reprise d’Alep-Est, « onze parmi la vingtaine de groupes rebelles menant l’offensive ont été approuvés par la CIA et ont reçu des armes de l’Agence, d’après Charles Lister, un chercheur et spécialiste de la Syrie au Middle East Institute, à Washington. [...] Monsieur Lister et d’autres experts ont déclaré que la vaste majorité des factions rebelles approuvées par les États-Unis à Alep combattaient en pleine ville, et qu’ils pilonnaient massivement les troupes du gouvernement syrien en appui des combattants affiliés à al-Qaïda, qui se chargeaient de l’essentiel des combats sur la ligne de front. “La triste vérité, cependant, est que ces groupes soutenus par les États-Unis [et leurs alliés] restent d’une manière ou d’une autre dépendants des factions affiliées à al-Qaïda dans ces opérations, en termes d’organisation et de puissance de feu”, selon l’experte Genevieve Casagrande, une spécialiste de la Syrie au sein de l’Institute for the Study of War à Washington. »

Comment la CIA et ses alliés ont soutenu le djihad en Syrie

Plusieurs éléments troublants sont à relever dans cette opération. Tout d’abord, sachant que les États-Unis se revendiquent en guerre contre le terrorisme depuis septembre 2001, appuyer pendant près de cinq ans des groupes qui combattent aux côtés d’al-Qaïda n’a pas semblé poser problème aux décideurs américains et à leurs alliés occidentaux – ce qui est pour le moins déroutant.

Et comme l’a pertinemment souligné Joshua Landis, le gouvernement des États-Unis savait depuis le milieu de l’année 2012 que les armes livrées massivement par la CIA et une quinzaine de services spéciaux depuis la Turquie et la Jordanie équipaient principalement des groupes djihadistes, un processus dévoilé par le New York Times en octobre 2012.

Comme l’auteur de ces lignes avait eu l’occasion de le défendre, le réseau qui a majoritairement bénéficié de ces milliers de tonnes d’armements a été le Front al-Nosra ; ce fut d’ailleurs le cas jusqu’à récemment dans le gouvernorat d’Idleb, dont la capitale vient d’être prise par cette organisation, aujourd’hui rebaptisée Hayat Tahrir al-Cham.

Ces graves dérives ont été notamment confirmées par le journaliste spécialisé Gareth Porter, dans un article explicitement intitulé « Comment les États-Unis ont armé des terroristes en Syrie ». « Cet afflux massif d’armes [coordonné par la CIA] vers le territoire syrien, ainsi que l’entrée de 20 000 combattants étrangers dans ce pays – et ce principalement depuis la Turquie –, ont largement défini la nature de cette guerre », a souligné Gareth Porter en se référant au vaste réseau de trafic d’armes mis en place par la CIA et ses alliés depuis les Balkans et la Libye, de même qu’à l’acquisition de 15 000 missiles TOW made in USA par l’Arabie saoudite. Fabriqués par Raytheon, ces missiles antichars ont été introduits en masse dans ce conflit à partir de 2014, et les pertes infligées aux forces syriennes avec ces armements auraient été le principal facteur de l’intervention militaire russe au début de l’automne 2015.

Dans cet article solidement documenté, Gareth Porter ajoute que « les armes [injectées par la CIA et ses partenaires dans le conflit syrien] ont contribué à faire de la branche d’al-Qaïda en Syrie [...] et de ses proches alliés la plus puissante des forces anti-Assad dans ce pays – et elles ont aussi permis l’émergence de Daech ».

alnosracomb.jpg

Rappelons qu’à l’origine, le Front al-Nosra et le futur « État islamique » ne faisaient qu’un avant leur scission au printemps 2013, qui déboucha sur une guerre fratricide entre ces deux factions. Plus exactement, les combattants majoritairement irakiens de ce qui était alors appelé l’« État islamique d’Irak » (EII) ont fondé, à partir de l’été 2011, la milice qui allait devenir le Front al-Nosra en janvier 2012.

Encore aujourd’hui à la tête de ce réseau, leur leader, Mohammed al-Joulani, un djihadiste syrien ayant affronté la coalition de George W. Bush en Irak, avait été chargé par Abou Bakr al-Baghdadi de combattre les forces de Bachar el-Assad en 2011. D’après Foreign Policy, lors de cette scission d’avril 2013 entre ces deux entités terroristes, « une large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas [leur chef al-Joulani] » et prêtèrent allégeance au futur « calife » d’al-Baghdadi, ce qui aurait représenté « jusqu’à 15 000 combattants sur environ 20 000 », d’après une estimation du chercheur Fabrice Balanche.

Toujours selon Foreign Policy, « partout dans le nord de la Syrie, Daech s’empara des quartiers généraux d’al-Nosra, des caches de munitions et des dépôts d’armes » durant cette séparation, qui conduisit à la création de l’« État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), rebaptisé « État islamique » au milieu de l’année suivante.

En d’autres termes, le gigantesque trafic d’armes et de munitions organisé par la CIA pour équiper les rebelles en Syrie a, directement ou non, profité à Daech et favorisé sa montée en puissance dès janvier 2012. Le fait que si peu d’experts et de journalistes occidentaux l’aient souligné (ou remarqué) est incompréhensible.

Derrière l’alibi des « rebelles modérés »

Même conséquence pour le versant « formation militaire » de ce programme de l’Agence et de ses alliés, qui a conduit les Forces spéciales détachées auprès de la CIA à entraîner malgré elles une forte proportion de djihadistes officieusement affiliés à al-Nosra ou à Daech – selon des sources anonymes du SOCOM et de l’Agence qui étaient directement impliquées dans cette opération.

En clair, de nombreux mercenaires anti-Assad recrutés par la CIA ont dissimulé leur appartenance à (ou leur attrait pour) ces groupes terroristes, le processus de sélection des combattants étant particulièrement laxiste. Or, la simple existence de cette procédure a permis à la CIA de maintenir une façade de respectabilité en affirmant qu’elle ne formait que des « rebelles modérés ».

En réalité, pour quiconque s’affranchit de cette notion orwellienne, les dynamiques de cette opération peuvent être résumées ainsi : supervisés par la CIA et quatorze autres services spéciaux, dont ceux de la France, du Royaume-Uni, d’Israël, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar, le financement, la formation et l’approvisionnement en armes des rebelles depuis les territoires turc et jordanien ont profité à l’ensemble des groupes armés, y compris à Daech et au Front al-Nosra.

En des termes plus parlants, qui sont ceux du spécialiste Sam Heller, « la majeure partie du soutien américain fut dirigée vers des factions de l’“Armée syrienne libre” (ASL), qui ont en fait servi d’auxiliaires et de sources d’armements à de plus puissantes factions islamistes et djihadistes, dont la branche d’al-Qaïda en Syrie ».

Ces dérives ne furent toutefois pas systématiquement intentionnelles. L’exemple de « Cheg Cheg », devenu le plus grand trafiquant d’armes syrien durant cette guerre, pourrait l’illustrer. Mort dans l’explosion de son véhicule en avril 2016, ce baron de la contrebande d’armements avait vendu à des intermédiaires bédouins un certain nombre d’armes issues des bases supervisées par la CIA, dont la mise en place en Turquie et en Jordanie avait dynamisé ses affaires. Or, ces intermédiaires les avaient achetées pour le compte du malnommé « État islamique », ce que « Cheg Cheg » n’ignorait pas

À l’origine de ces révélations, le quotidien émirati TheNational.ae évoqua des transferts « involontaires » d’armements de la CIA et de ses alliés vers l’EI, à travers les réseaux de « Cheg Cheg ». Pourtant, selon différentes enquêtes approfondies, dont une récemment publiée par le JDD, il ne fait plus aucun doute que les services spéciaux des pétromonarchies du Golfe – essentiellement ceux de l’Arabie saoudite – ont sciemment armé Daech en Syrie comme en Irak, en particulier via une ligne d’approvisionnement Balkans-Moyen-Orient mise en place avec l’aide discrète de la CIA à partir de janvier 2012.

Ambassadeur américain en Syrie de 2011 à 2014, Robert S. Ford est persuadé de l’implication de l’Agence dans ces manœuvres, qui furent d’après lui « strictement confinées aux réseaux des services secrets ». Étonnamment, cette enquête du JDD ne fait pas mention de ce rôle central de la CIA dans la création de ce trafic d’armes produites dans les Balkans. Toutefois, son auteur a répondu à une demande de clarification en soulignant que « les propos de Robert S. Ford, qui s’est exprimé plus en détail sur ce sujet dans le New York Times, portent davantage sur l’approvisionnement en armes du Front al-Nosra... dont a ensuite profité Daech. »

Une telle franchise est malheureusement trop rare dans les médias occidentaux, et en particulier francophones. En réalité, alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes en Irak et au Levant, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN dans ces politiques catastrophiques ne peut et ne doit plus être éludée par les médias.

americans-train-syrian-rebels-si-640x360.jpg

L’opération Timber Sycamore : un fiasco historique

Pour dresser le bilan de cette désastreuse politique, que la majorité de la presse occidentale a dissimulée au profit d’une narration séduisante impliquant des rebelles « modérés » n’ayant qu’un poids limité sur le terrain, on peut dire que la CIA et ses partenaires ont imposé à la Syrie une guerre secrète meurtrière, et que celle-ci a eu comme conséquence des dizaines de milliers de morts dans les rangs de l’armée syrienne et de leurs alliés, ainsi qu’un nombre indéterminé de victimes civiles, de blessés, de réfugiés et de déplacés internes.

Cette coresponsabilité majeure des puissances occidentales dans ce conflit a été durablement occultée du débat public, à travers ce qui pourrait être considéré un jour comme l’un des plus grands échecs collectifs de l’histoire du journalisme contemporain.

Bien qu’indiscutablement condamnable, le gouvernement Assad a bénéficié d’un soutien populaire suffisant pour tenir face à la rébellion, et il s’est maintenu au pouvoir grâce à l’intervention décisive de la Russie, ce qui n’avait pas été anticipé par les stratèges d’Obama.

Censées être en guerre contre le jihadisme depuis l’automne 2001, les puissances occidentales ont fait le pari cynique de couvrir diplomatiquement et d’aider militairement leurs alliés régionaux dans leur soutien en faveur de groupes extrémistes éprouvant la même détestation à l’égard de notre modèle démocratique qu’envers l’État syrien laïc et ses alliés russes et chiites.

Provoquant un véritable désastre humanitaire, la fulgurante montée en puissance de Daech en 2014 est en bonne partie la conséquence de cette politique inconsciente et court-termiste, dont l’Arabie saoudite a été le principal financeur – le rôle de nos « alliés » turc et pétromonarchiques dans l’essor du djihad armé dans cette région (et au-delà) n’ayant d’ailleurs jamais fait l’objet d’une quelconque protestation officielle de la part d’États occidentaux pourtant frappés par le terrorisme.

Après d’innombrables hésitations, ces derniers ont fini par accepter le réel. De ce fait, ils ont progressivement abandonné l’objectif de renverser Bachar al-Assad ; et ils ont mis en priorité la lutte contre un monstre Frankenstein en grande partie engendré par leurs propres errements stratégiques et diplomatiques, encouragés dans ces dérives par leurs « alliés » néo-ottomans et wahhabites.

À l’aune du sévère bilan que l’on peut dresser de l’interventionnisme occidental au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique du Nord, il serait plus que jamais salutaire que les journalistes, les experts et d’éventuels lanceurs d’alertes dénoncent plus explicitement le rôle majeur de nos États dans l’élaboration, la conduite et la dissimulation de ces politiques clandestines inconsidérées.

En attendant, espérons que le potentiel aggiornamento du président français Emmanuel Macron sur le dossier syrien, et la conclusion du programme anti-Assad de la CIA décrétée par son homologue américain, marquent la fin durable de ces stratégies aventuristes à l’origine de tant de souffrances et de destructions – officiellement imposées au nom de la démocratie, de la paix et des droits de l’homme.

Dans tous les cas, au regard des conséquences dramatiques de cette ultime guerre secrète de la CIA – que le Washington Post avait décrite en juin 2015 comme étant « l’une [de ses] plus vastes opérations clandestines » –, il n’est pas impossible que les historiens la considèrent un jour comme le plus grand fiasco de l’Agence ; un désastre aux conséquences potentiellement plus graves que celles de la baie des Cochons, ou de la tentative de recrutement de deux futurs pirates de l’air du 11 septembre par la CIA et les services secrets saoudiens. Comme l’avait relaté un ex-agent spécial du FBI à l’auteur de ces lignes, cette opération illégale conduisit l’Agence à dissimuler à la police fédérale la présence de ces hommes de Ben Laden aux États-Unis, ce qui aurait empêché le Bureau de déjouer ces attentats.

Visiblement, cette tragédie était bien loin dans les mémoires des responsables du programme Timber Sycamore, qui ont massivement armé la nébuleuse terroriste contre laquelle les autorités américaines et leurs alliés se revendiquent en guerre depuis 2001.

Maxime Chaix

http://maximechaix.info/

»» http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/en-syrie-le-plus...
URL de cet article 32276
https://www.legrandsoir.info/en-syrie-le-plus-grand-fiasc...

mercredi, 13 septembre 2017

Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

hanneseuilFIC127797HAB0.jpg

Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

Propos recueillis par Edouard Chanot
Ex: https://fr.sputniklnews.com

Le Moyen-Orient reste mystérieux pour les occidentaux. Olivier Hanne propose d’en comprendre les frontières physiques et mentales.

La frontière nous obsède, à l'heure de la mondialisation. Les partisans du nomadisme voudraient la voir, les voir disparaître, tandis que les sédentaires du XXIème siècle voudraient leur grand retour. Dans l'absolu, comprendre les frontières, c'est comprendre les fractures, et donc les particularismes. Comprendre comment elles sont définies, c'est comprendre ceux qui la définissent…

Justement cette approche pourrait nous aider à comprendre une région du monde qui nous a toujours paru mystérieuse. Mystérieuse et conflictuelle, aujourd'hui comme depuis des centaines d'années.

Direction donc le Moyen-Orient compliqué, avec notre invité du jour, Olivier Hanne, chercheur à l'Université d'Aix Marseille, islamologue. Il vient de publier 'Les seuils du Moyen-Orient, histoire des frontières et des territoires', aux éditions du rocher. Un ouvrage volumineux, de plus de 500 pages, qui comprend — heureusement, devrais-je dire — un cahier de cartes, sans doute indispensables. Une approche originale: Olivier Hanne dévoile une généalogie des frontières, une histoire frontalière. Il puise dans le temps long, du quatrième millénaire avant notre ère jusqu'à l'Etat islamique, les permanences de la région.

 

Extraits:

Frontières physiques et mentales

« [Il y a] d'abord des frontières de guerre, des frontières culturelles. Mais il y a des frontières mentales qui ont parfois autant d'importance, si ce n'est plus, que celles qu'on pourrait tracer sur une carte: la fameuse ville de Deir Ezzor dont on parle beaucoup, qui a été une capitale, une métropole de l'Etat islamique, a toujours joué un rôle, un rôle de seuil: de passage d'un Etat à un autre, de centre de monopolisation des enjeux politiques et militaires. Par exemple, durant l'époque médiévale, elle était un siège de villégiature califale, dans l'antiquité, un poste avancé de l'empire romain et en 1915, le terminus des convois d'Arméniens qu'on massacrait sur place. Les frontières mentales peuvent entraîner une mobilisation populaire autant si ce n'est plus qu'une invasion. »

Le mirage de l'unification musulmane

« Dès sa naissance l'islam est parcouru par des tendances centrifuges gigantesques. Finalement, on se rend compte que les provinces sont assez autonomes. Dès le Xè siècle, le calife abbasside ne contrôle que le sud de l'Irak actuel. Dans toute la zone nord, le Kurdistan, au moyen-âge, échappe au pouvoir des califes, ainsi que l'Egypte, qui malgré son islamisation et son arabisation précoces, a toujours su maintenir une autonomie culturelle et politique. Il est important d'avoir ça en tête: quand on aborde le Moyen-Orient, on a trop tendance à dire que dès lors que ce sont des populations musulmanes, elles ont une unité. Ce n'est pas vrai quand on regarde la construction des structures de pouvoir. (…) On a des pays, des empires, qui se comportent déjà en puissances, et n'ont pas forcément en tête uniquement l'aspect religieux. On a trop tendance à dire: l'Arabie Saoudite est wahhabite, sa géopolitique est wahhabite, l'Iran est chiite, sa géopolitique est chiite. Dès le XVIè siècle, toutes ces puissances jouent sur plusieurs cordes pour développer une stratégie qui leur est propre et n'est pas forcément que religieuse. »

Imposer un système culturel?

« La longue histoire nous apprend qu'il y a une très grande fragilité de tous les systèmes importés de l'extérieur. Même l'unification par la religion musulmane n'a pas réussi à dépasser 50 à 80 ans de pérennité, de stabilité des frontières. Dès le IXè siècle apparaissent les tendances centrifuges. Quel que soit le système que vous abordez, une géopolitique, une idéologie extérieure: l'hellénisme, la romanisation, le 'grand Moyen-Orient', la démocratie, vous n'avez que quelques dizaine d'années devant vous avant de voir les prémisses d'une fracture. C'est ce que nous avons vu avec l'idéal d'une société démocratique qui s'est manifesté en 2011. Mais peu à peu, les forces locales l'emportent et jouent leur propre partition. »

Revoir Sykes-Picot?

« Il est dangereux de dire l'Irak et la Syrie n'existent pas car les frontières ont été tracées de l'extérieur. N'imaginons pas redécouper ces pays. (…) Aujourd'hui vous avez des structures politiques qui existent. Toutefois, il faut prendre en compte les complexités des sociétés, irakienne, syrienne. Il faut conserver leurs frontières quitte à proposer différents degrés d'allégeance, tout en maintenant l'unité administrative. Le système fédéral est typiquement occidental, cela signifierait des référendums. Peut-être faut-il accepter cette complexité. »

Printemps arabe?

« On a confondu l'appel à la dignité, ou à l'humanité au sens de ‘je suis un homme digne de respect', cette conception orientale. Nous l'avons confondue avec l'appel à une démocratisation. L'avons-nous confondu parce qu'on la comprenait mal ou parce que cela nous arrangeait bien, c'est une autre question! »

​Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

Israël face à l'Iran

israel_iran_invasion.gif

Israël face à l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous avons indiqué dans un article du 07/09 « Libération de Deir Ezzor. Perspectives pour l'EI » 1) que les forces syriennes soutenues par l'Iran, le Hezbollah et l'aviation russe allaient prochainement être confrontées aux forces de la coalition arabo-kurdes (SDF) soutenues par l'armée américaine à l'est de la province syrienne de Deir Ezzor.

Ces deux coalitions combattent l'Etat islamique EI auquel elles ont infligés de nombreuses pertes, mais elle visent également à contrôler les réserves pétrolifères à l'est de Deir Ezzor, encore aux mains des combattants islamiques.

Depuis la coalition syrienne s'est efforcée d'occuper la route stratégique Deir Ezzor -Damas. Ceci signifie qu'elle n'est plus séparée de la SDF que par une bande large de 15km autour de l'Euphrate.

Les djihadistes tiennent toujours une partie de Deir Ezzor et de sa banlieue, ainsi que des poches de territoires près de Homs et de Hama à l'ouest. De là ils peuvent procéder à de petites contre-offensives. Plus préoccupant est le fait que la SDF n'a pas encore réussi à s'emparer entièrement de Raqqa, dont l'EI avait fait sa capitale. Elle aurait très certainement pu le faire en y concentrant toutes ses forces, plutôt que se disperser vers Deir Ezzor. Pourquoi ne pas l'avoir fait.

La responsabilité des Etats-Unis

La réponse paraît évidente. Les Etats-Unis ont apparemment renoncé à renverser Bashar al Assad ou à en éliminer les bases militaires russes, mais ils refusent toujours de laisser celui-ci dominer l'ensemble de la Syrie. Il faut se demander pourquoi ils continuent à mener une guerre qui pourrait paraître sans espoir à terme.

La raison en est qu'outre l'accès aux territoires pétrolifères, les Américains n'ont pas renoncé à une présence sur la frontière Iraco-Syrienne le long de l'Euphrate et plus au sud dans les régions est et sud-est de la Syrie. Or sur ces territoires, la Syrie pourrait établir un pont terrestre permettant de relier Damas à Téhéran via Bagdad en Syrie. Ce pont serait nécessairement un pont chiite dont la perspective fait très peur aux alliées musulmans sunnites de l'Amérique. Mais surtout ce sera un pont permettant d'augmenter considérablement l'influence de l'Iran au Moyen Orient. Celle-ci est en passe en effet de devenir une puissance régionale dominante. Comme jusqu'à ce jour, malgré quelques tensions, elle est restée l'alliée de la Russie, cette perspective signifierait un nouveau recul, peut-être définitif, de l'influence américaine. Washington fera donc beaucoup d'efforts pour combattre le renforcement de Téhéran.

Un autre facteur, plus important encore, joue. Pour les Kurdes alliés jusqu'à ce jour des Etats-Unis, et surtout pour Israël, une influence accrue de l'Iran, éventuellement capable de devenir une puissance nucléaire, est déjà considérée comme une menace considérable. Israël n'a pas beaucoup de moyens militaires, hors l'arme atomique, pour contrer une éventuelle offensive iranienne de grande ampleur. L'éventualité en parait aujourd'hui très improbable, mais Tel Aviv se fait fort afin de survivre de prévoir à long terme.

Aussi aux Etats-Unis le « lobby juif » dit Aipac exerce de fortes pressions pour que les Etats-Unis ne permettent pas la mise en place de ce pont chiite sous contrôle de l'Iran. Directement, Israël multiplie les pressions sur Washington pour qu'il ne cède rien au front syro-irako-iranien et qu'il le fasse savoir à Moscou.

Il est dommage qu'Israël n'adopte pas de positions diplomatiques plus subtiles que celles consistant à s'abriter exclusivement sous le parapluie militaire américain. Beaucoup de pays non-musulmans considèrent que sa survie face à la montée inexorable, ne fut-ce qu'en termes démographiques, de 300 millions de musulmans tentés par le djihad serait essentielle. C'est le cas des pays européens, de l'Inde et aussi, dans une large mesure, de la Russie. Ces divers pays seraient près à jouer de leur influence auprès de l'Iran pour qu'en aucun cas celle-ci n'essaye, comme un ayatollah l'avait dit il y a quelques années, de « rayer Israël » de la carte.

Mais des opérations militaires telles que le raid israélien, mené il y a quelques jours, contre les usines militaires syriennes à Masyaf, au prétexte que celles-ci continueraient à fabriquer des armes chimiques, ne paraissent pas une bonne façon de dialoguer avec Damas, Bagdad et surtout Moscou.

NB

Sur la question, non abordée dans cet article, concernant les relations complexes entre Kurdes, Américains, Syriens et Russes, on pourra lire un excellent article daté du12/09, signé par Adam Garrie dans The Duran
http://theduran.com/syria-turkey-and-the-kurds-a-devils-t...

1) Voir http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2680...

 

mardi, 12 septembre 2017

Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

geopolblé82200611736-001-T.jpeg

Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

 
 
Sébastien Abis est administrateur au Secrétariat général du CIHEAM, chercheur associé à l'IRIS. Il répond à nos questions alors qu'il présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015 : - Le colloque organisé par l'IRIS le jeudi 18 juin sera l'occasion de discuter des enjeux géopolitiques du blé. Quels sont-ils ? Dans quelle mesure cette céréale est-elle déterminante pour la sécurité mondiale ? - Vous consacrez une partie de votre ouvrage à la "géohistoire d'un grain au cœur du pouvoir". En quoi le blé a-t-il contribué à l'histoire du monde ? - Dans quelle mesure les matières premières agricoles, et notamment le blé, sont-elles révélatrices des tensions et des compétitions entre les États ?
 

"L'Arabie saoudite, pays géniteur du radicalisme"

conesa.jpg

"L'Arabie saoudite, pays géniteur du radicalisme"

VIDÉOS. Ancien haut fonctionnaire à la Défense, Pierre Conesa explique comment notre grand allié a diffusé son islam ultra-rigoriste dans le monde.

Propos recueillis par et Pauline Tissot
Ex: http://www.lepoint.fr

C'est un tabou français que Pierre Conesa tente de briser. Grande alliée (et argentier) de la France au Moyen-Orient, la richissime Arabie saoudite possède sa face sombre : soixante ans d'une diplomatie religieuse qui a exporté en catimini dans le monde entier son « wahhabisme », version la plus rigoriste et intolérante de l'islam sunnite, qui a inspiré les pires djihadistes d'Al-Qaïda comme de Daech. Ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, Pierre Conesa s'est livré dans Dr. Saoud et Mr. Djihad* à une enquête passionnante et inédite sur les rouages de ce prosélytisme d'État adoubé à Paris comme à Washington. Des secrets explosifs sur le véritable géniteur du radicalisme sunnite.

Le Point.fr : Vous parlez de mensonge d'État à propos du 11 Septembre et du rôle de l'Arabie saoudite. Mais la récente déclassification des 28 pages polémiques n'a-t-elle pas dédouané l'Arabie saoudite ?

Pierre Conesa : La déclassification de ces 28 pages, quinze ans après le 11 Septembre, prouve qu'un certain nombre des auteurs des attentats ont été en contact avec des diplomates saoudiens et des familles proches de ceux-ci qui les ont logés et entretenus. Et puis il y a une évidence. Sur les dix-neuf terroristes du 11 Septembre, quinze étaient saoudiens. Or, le discours de George W. Bush en janvier 2002 consiste à accuser l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord, alors qu'il n'y a aucun Iranien, aucun Irakien et aucun Nord-Coréen dans le groupe terroriste. De la même façon, les Saoudiens constituaient le plus gros contingent aux côtés des Afghans lors du conflit contre les Soviétiques dans les années 1980, et ils fournissent le plus gros lot de djihadistes étrangers à Daech aujourd'hui. C'est donc qu'il existe quelque part une matrice idéologique – le wahhabisme – qui explique aujourd'hui une grande partie des crises et des actes terroristes qui frappent la planète.


Pierre Conesa : « La diplomatie religieuse... par LePoint

Mais existe-t-il un lien direct entre le financement du djihad et l'Arabie saoudite ?

Le système saoudien est une sorte de soft power américain avec une multiplicité d'intervenants qui vont de la politique publique aux grandes fondations privées et aux universités islamiques : une conjonction d'acteurs qui permet toujours au pouvoir saoudien de prétendre qu'il n'était pas au courant. Et c'est vrai, car dans un pays où le budget du roi et celui de l'État ne sont pas vraiment séparés, on peut toujours prétendre qu'il existe quelqu'un aux intentions moins louables et dont les agissements ne sont pas connus du roi. Ainsi, lorsque les Américains ont mis en garde les Saoudiens sur le financement du terrorisme après le 11 Septembre, ils ont eux-mêmes listé 265 organisations dont il fallait tarir ou interdire l'activité ! Mais, d'après moi, le financement du terrorisme me paraît être un second problème. Parce qu'un attentat terroriste ne coûte rien. Les attentats du 11 Septembre n'ont coûté que 11 000 dollars et on estime qu'ils ont fait 40 milliards de dollars de dégâts entre effets directs et indirects. La question importante à mon sens est celle de l'idéologie.

En quoi l'idéologie saoudienne inspire-t-elle les terroristes ?

L'Arabie saoudite possède également un côté soviétique. Les Saoudiens ont formé à peu près 25 000 personnes à l'université islamique de Médine, qui est l'équivalent saoudien de l'université soviétique Lumumba, et qui diffuse une idéologie totalitaire : le wahhabisme, ou salafisme. Un théologien musulman français m'a dit un jour que le wahhabisme était la version la plus sectaire, la plus raciste, la plus antisémite, la plus homophobe, et la plus misogyne de l'islam. À la différence des autres universités islamiques dans le monde, les étudiants de Médine obtiennent des bourses, sont logés et entretenus, à la condition de retourner chez eux pour faire de la prédication, donc de la propagande, comme à l'époque des commissaires politiques de l'université soviétique Lumumba. D'après mes chiffres, 30 000 personnes ont été formées dans ces universités islamiques saoudiennes. On va les retrouver dans toute la bande sahélienne, au Mali, au Niger, en République centrafricaine. Chaque année, les Saoudiens dépensent 7 à 8 milliards de dollars pour leur diplomatie religieuse, soit autant que pour leur diplomatie de défense ! C'est à peu près deux fois plus que l'URSS à la belle époque.

Mais n'y a-t-il tout de même pas une différence entre le salafisme, qui est quiétiste, et le djihadisme ?

Pas à mon sens. Lorsque vous avez un discours raciste, antisémite, vous légitimez d'une certaine manière la violence. En France, on réprime les propos antisémites, racistes, sectaires. Or, en Arabie saoudite, vous avez une idéologie qui reprend exactement tous ces mots en la légitimant par la religion. L'étude qu'a faite Antoine Sfeir sur les manuels wahhabites est d'ailleurs extrêmement claire. Dans les programmes scolaires wahhabites, on n'apprend pas Freud, Marx ou Darwin, mais l'antisémitisme et la dénonciation des autres religions… On est dans le système de l'intolérance absolue. Vous préparez littéralement des citoyens à basculer tout à coup dans la violence, parce que vous estimez que les « mécréants », terme utilisé par les salafistes pour désigner les autres croyants, sont des individus de seconde zone. Pour moi, le salafisme quiétiste est une préparation psychologique à la violence.

Mais l'idéologie djihadiste n'est-elle pas un mélange de salafisme et de théories révolutionnaires des Frères musulmans ?

L'identité islamiste a été constituée par plusieurs mouvances qui ont justifié par différents propos le passage à la violence. Saïd Qotb, qui est souvent celui qui est cité comme le légitimateur de la violence, la concevait surtout contre les régimes arabes qui, d'après lui, se prétendaient musulmans mais n'appliquaient pas le Coran. Par la suite, il y a eu la justification du djihad contre les Soviétiques auquel nous, Occidentaux, avons nous-mêmes adhéré, puisqu'on pensait que les ennemis de nos ennemis ne pouvaient être que nos amis. Aujourd'hui, la défense de la terre de l'islam est légitimée par tous les théologiens, quelle que soit leur mouvance. Cela a été le cas après l'intervention américaine en Afghanistan, en Irak… Il y a donc eu un processus de légitimation progressive de la violence.

Comment expliquer ce conservatisme religieux en vigueur en Arabie saoudite ?

Il faut revenir au pacte originel entre Mohammed Ibn Saoud, patriarche de la dynastie Saoud, et l'imam ultraconservateur Mohammed Abdelwahhab, scellé en 1744, et qui est à l'origine du premier État saoudien. À cette époque, Abdelwahhab a utilisé le terme de djihad pour que les Saoud puissent conquérir le territoire d'Arabie contre les autres tribus. L'imam a également appelé au djihad pour lutter contre l'Empire ottoman. Ainsi, le djihad est-il constitutif de l'identité nationale saoudienne. Dès le départ, l'Arabie saoudite est un système à deux pieds, avec, d'un côté, la famille Saoud (la dynastie en place) et, de l'autre, le corps des oulémas (théologiens), dirigé par la famille al-Shaikh, c'est-à-dire les descendants d'Abdelwahhab. En échange du pouvoir, ceux-ci régissent la société saoudienne, ainsi que l'action extérieure du pays. Le problème est que les Saoudiens ont à plusieurs reprises sollicité les Occidentaux – des « mécréants » – pour défendre leur régime, que ce soit en 1979 lors de l'occupation de la Grande Mosquée de la Mecque (par des islamistes radicaux, NDLR) ou en 1991 lors de l'invasion du Koweït par Saddam Hussein. À chaque fois, les oulémas les plus radicaux sont montés au créneau pour dénoncer une « invasion de croisés » en terre d'islam. Pour se légitimer, le régime Saoud a donc obtenu des oulémas une justification théologique. En contrepartie, les religieux ont gagné plus de droits sur la société et la diplomatie saoudienne. En 1979, les gendarmes français du GIGN ont même été convertis à l'islam pour libérer la Grande Mosquée des étudiants islamistes radicaux qui dénonçaient la corruption du régime ! On voit ici résumée toute l'hypocrisie du système saoudien. En Arabie saoudite, c'est « la violence ailleurs, mais touche pas à mon prince ».

Comment l'Arabie saoudite a-t-elle procédé pour exporter le wahhabisme ?

Outre la formation d'imams étrangers dans ses universités, l'Arabie saoudite s'est appuyée sur des organisations religieuses. C'est notamment le cas de la Ligue islamique mondiale, créée à l'époque de Nasser. Ce leader arabe possédait un discours très critique à l'égard des pays du Golfe et brandissait le panarabisme. En réaction, l'Arabie saoudite a prôné le panislamisme, dont le vecteur porteur a été la Ligue islamique mondiale. Il s'agit d'une ONG, toujours dirigée par un Saoudien, qui porte une conception wahhabite de l'islam, et dont les financements sont très opaques. Sous le couvert de la défense des musulmans et de la construction de mosquées, la Ligue islamique mondiale a souvent été le faux nez de l'action saoudienne à l'étranger. Or, l'Arabie saoudite étant un pays allié combattant à l'époque la « laïcité » soviétique, l'Occident a laissé faire.

sarkowahha.jpg

L'Arabie saoudite est-elle, comme on peut l 'entendre, à l 'origine de la création de Daech ?

Pas du tout. L'Arabie saoudite n'a pas créé Daech. En revanche, elle a créé le salafisme, qui en est le géniteur. D'ailleurs, les deux régimes décapitent tous deux massivement en public, et détestent les chiites. Lorsque Abu Bakr al-Baghdadi proclame le califat, il conteste directement les Saoud. Car ces derniers, s'ils se sont toujours autoproclamés serviteurs des lieux saints, n'ont aucune légitimité par rapport à la dynastie du Prophète. Ainsi, lorsqu'un individu comme al-Baghdadi s'autoproclame calife, il rétrograde de fait les Saoudiens. Voilà pourquoi les Saoud sont aujourd'hui dans la concurrence, et non dans la confrontation, avec Daech. C'est-à-dire qu'ils veulent délégitimer l'État islamique en montrant qu'ils sont les meilleurs défenseurs de la cause sunnite. Et donc en réprimant davantage qu'eux les chiites.

Comment expliquer qu 'un pays aussi conservateur soit notre meilleur allié au Moyen-Orient ?

En Occident, on nous rappelle sans cesse que ce pays est notre ami, ainsi que notre meilleur client, et il existe une sorte de tabou dans la critique de l'Arabie saoudite. Or, j'estime que nos intérêts commerciaux ne doivent pas primer la sécurité de nos concitoyens. Il est d'ailleurs intéressant de noter que cela fait vingt ans que l'on nous parle d'une prévision de dix milliards de dollars de contrat avec le royaume. Or, cela ne reste que de la prévision. Certains contrats se réalisent, d'autre pas. Mais cela ne peut être en aucun cas le raisonnement d'une stratégie diplomatique dont les effets sécuritaires sont aussi dramatiques que ceux que l'on connaît aujourd'hui. Pendant des années, on leur a vendu des armes, qu'ils n'ont jamais utilisées… jusqu'à la guerre au Yémen (depuis mars 2015), où l'on constate leur absence totale de retenue en ce qui concerne les dommages collatéraux. Entre le radicalisme chiite et le radicalisme sunnite, nous n'avons pas à choisir. Or, nous l'avons fait.

Pourquoi les Saoudiens ne sont-ils pas davantage impliqués dans la coalition contre Daech ?

En effet, dès qu'ils sont intervenus au Yémen, l'Arabie saoudite et les autres pays arabes ont retiré tous leurs avions de la coalition contre Daech. Pourquoi l'Arabie saoudite a-t-elle mobilisé toute son aviation au Yémen, qui n'est pourtant pas sa menace principale ? Comment expliquer que nous, Occidentaux, sommes les seuls aujourd'hui à combattre l'État islamique ? Aujourd'hui, nous avons du mal à définir qui est notre ennemi. Notre ennemi, c'est le salafisme, dont Daech est une application pratique. Mais le géniteur, le docteur Frankenstein, c'est l'Arabie saoudite. Et nous sommes dans la position schizophrénique où l'on combat le radicalisme tout en protégeant son géniteur. Or, dans le roman de Mary Shelley, le monstre disparaît avec son créateur.

* "Dr. Saoud et Mr. Djihad : la diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite" est paru aux éditions Robert Laffont.

vendredi, 08 septembre 2017

La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

armyburma.jpg

La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Birmanie ou Myanmar est un pays d'Asie du Sud-Est continentale ayant une frontière commune avec le Bangladesh, la Chine, l'Inde, le Laos et la Thaïlande. Elle est bordée par la mer d'Andaman au sud et par le golfe du Bengale au sud-ouest, avec environ 2 000 kilomètres de côtes au total.

Le pays a connu dès les temps les plus anciens de l'hominisation, soit 400.000 ans, la présence de l'Homo erectus utilisateur d'outils et celle de ses successeurs. Une suite compliquée d'influences et d'Empires, non résumable ici, s'y sont disputés le pouvoir depuis l'an 1.000. Il suffit de savoir que la colonisation britannique, attirée par la position stratégique du pays et ses considérables ressources et réserves naturelles, après plusieurs échecs, avait réussi en 1886 à faire de la Birmanie une composante de l'Empire britannique. Les Birmans sont en très grande majorité bouddhistes.

La Birmanie a été une dépendance de l'Empire jusqu'à 1937. La capitale en était Rangoon. A cette date, sous la pression incessante des nationalistes birmans, il a acquis le statut de colonie britannique distincte. Envahie par le Japon au début 1942, la Birmanie avait pris le parti de ce dernier. L'homme politique indépendantiste Ba Maw a dirigé un gouvernement pro-japonais entre août 1943 et mars 1945. Des combats incessants entre les militaires américains et et les birmans indépendantistes ralliés aux Japonais ont ravagé le pays jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Malgré leur succès militaires, les Britanniques et les Américains n'avaient pas pu à cette date refaire de la Birmanie la quasi-colonie qui auraient voulue. Ils ont officiellement renoncé à cet objectif devant les résistances des indépendantistes et l'insécurité en découlant. Le 19 juillet 1947, le pays est devenu indépendant,puis a quitté le Commonwealth le 4 janvier 1948 . Le premier ministre U Nu y a instauré une démocratie dite officiellement « parlementaire ». Mais le pays a connu depuis 1962 une série de régimes autoritaires militaires, qualifiés de dictatures militaires par les Occidentaux. Ceux-ci avaient surtout le tort de vouloir résister militairement aux oppositions suscités et financées par les Etats-Unis. Ils avaient aussi le tort de se tourner vers l'URSS, relativement favorable aux indépendantistes.

De 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par un pouvoir militaire, qualifié de « junte » par les Occidentaux, qui s'était nommé Conseil d'État pour la paix et le développement. Celui-ci a laissé la place en 2011 à un pouvoir civil dirigé par l'un de ses anciens membres. Il a incontestablement imposé une relative libéralisation s'inspirant des principes de la démocratie occidentale, mais le poids de la hiérarchie militaire est resté prépondérant dans les faits.

La  libéralisation du pays qui s'est confirmée depuis a conduit l'Union européenne et les États-Unis à suspendre ou lever en 2012 l'embargo qu'ils imposaient au pays depuis les années 1990, exception faite des ventes d'armes. Mais les Occidentaux, poussés par les Etats-Unis qui n'avaient jamais renoncé à mettre le pays sous leur influence directe, n'ont cessé de susciter des oppositions internes au pouvoir Birman.

monks_wit_guns.jpg

Pourtant, aux élections législatives de novembre 2015 , la National League for Democracy (NDL) d'Aung San Suu Kyi avait remporté une écrasante victoire sur le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) du président Thein Sein. Lors de l'élection présidentielle du 15 mars 2016, Htin Kyaw, un proche d' Aung San Suu Kyi, a succédé à Thein Sein . L'emblématique Aung San Suu Kyi est devenue "ministre du conseil d'État", nouvelle fonction qui s'apparente à un premier ministre sans grandes responsabilités. Tous deux entendent désormais poursuivre la transition démocratique pacifique. Il reste qu'ils demeurent sous la tutelle des militaires, qui n'entendent pas laisser la Birmanie devenir une sorte de colonie américaine, comme le voudrait Washington. Ils ont raison de se méfier car, selon la politique classique du « regime change », ce dernier encourage tous les opposants, éventuellement armés, qui pourraient créer des difficultés au gouvernement de Naypyidaw (la capitale depuis 2005).

Malgré cette transition démocratique, la Birmanie reste présentée par tous les médias occidentaux comme une dictature. La capitale est décrite comme une « ville-fantôme ». Il y a du vrai dans ces descriptions, mais il faut bien voir que sans les ressources d'une puissance militaire, la Birmanie aurait été envahie et défigurée par les intérêts américains. On peut à cet égard comparer le régime birman à celui de la Corée du Nord. Il leur faut préserver leur indépendance et leur singularité par tous les moyens.

Les Rohingya

C'est en tenant compte de cet historique, sur lequel l' « Occident » se garde bien de faire la lumière, qu'il faut étudier les efforts faits par certains musulmans Rohingya pour se rendre indépendants du pouvoir central en s'appuyant ce faisant sur les moyens généreusement consentis par les Etats-Unis, en dollars et en mercenaires, afin de provoquer une crise de régime.

arakan.gifLes Rohingya, descendants lointains de commerçants et de soldats arabes, mongols et turcs, se sont convertis à l'Islam au 15e siècle, alors qu'à l'époque la région était un État vassal du Bengale. Des colonies musulmanes existent en Arakan (Rankine ou Rakhine) depuis la venue des Arabes au 8e siècle. Les descendants directs des colons arabes vivent au centre de l'Arakan près de Mrauk U et de Kyauktaw.

De 1824 à 1826, lors de la première guerre entre l'empire britannique et la Birmanie, les Rohingyas étaient supplétifs dans l'armée britannique et considérés comme des traitres par les indépendantistes birmans. Après la Seconde guerre mondiale, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans. En 1948, comme rappelé ci-dessus, la Birmanie retrouve son indépendance et les Rohingyas sont alors rejetés voire persécutés, au regard des critères de la démocratie occidentale.

L'arrivée des Rohingya en Birmanie à la fin du 19e siècle est, en grande partie, liée à la politique d'immigration encouragée par l'administration coloniale durant la période du régime colonial dit Raj britannique, ceci afin de les employer comme main d'œuvre bon marché dans les exploitations agricoles. La majorité d'entre eux vit dans l'État actuel d'Arakan (dont ils forment environ la moitié de la population), séparés de la Birmanie proprement dite par l'Arakan Yoma (voir carte). Leurs effectifs globaux sont d'environ 800.000 personnes.

Ils ont fui massivement vers le Bangladesh, en 1978 tout d'abord, puis en 1991-1992 pour échapper au gouvernement birman. ce qui a ainsi amené plusieurs centaines de milliers d'entre eux à rester confinés dans des camps de réfugiés au Bangladesh. Dans les deux cas, la question centrale est liée au fait que le gouvernement birman considère que les Rohingya sont en grande partie des immigrants clandestins et leur refuse toute citoyenneté, alors qu'eux-mêmes s'appuient sur le fait que leur présence dans la région remonte avant son rattachement à la Birmanie. Ils ont incontestablement subi quelques violences « ethniques » et religieuses de la part des majorités birmanes bouddhistes.

Ceci dit, les gouvernements et les opinions occidentales, toujours à l'affut de ce qui pourrait déstabiliser le gouvernement birman, avaient donné un écho excessif à ces violences. Human Rights Watch, à l'unisson avec le président « musulman modéré » turc Erdogan, avaient appelé l'Occident au soutien des musulmans Rohingya « persécutés ». Les gouvernement occidentaux, qui partout ailleurs combattent le terrorisme musulman, ont décidé d'encourager, voire susciter, des mouvements insurrectionnels djihadistes en lutte contre le gouvernement de Naypyidaw.

burmaoneroad.jpg

Les acteurs derrière cette insurrection Rohingya sont aujourd'hui, outre les services américains, l'Arabie saoudite et les royaumes arabes sunnites. L'Arakan est en effet appelé à jouer un rôle important dans les projets chinois dits One Belt One Road Initiative, OBOR, dont il constituera le débouché vers l'océan Indien et où des investissements chinois importants sont prévus. Des pipe-lines de la côte birmane vers la Chine permettront les importations chinoises de pétrole en évitant le Détroit de Malacca et la mer de Chine méridionale ou la marine américaine renforce constamment sa présence.

Un djihad Rohingya ?

Les Américains et les Saoudiens ont donc cherché à susciter un djihad Rohingya susceptible de mettre en difficulté les projets chinois. Pour cela, récemment, ils ont encouragé un mouvement insurrectionnel dit Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) dirigé par un certain Ataullah abu Ammar Junjuni, agitateur djihadiste provenant d'une communauté Rohingya présente au Pakistan et ayant vécu récemment en Arabie saoudite.

Selon le journal pakistanais Dawn (voir https://www.dawn.com/news/amp/1165299 ), les Rohingya sont plus de 500.000 à Karachi et la région, où ils forment une communauté islamique très agressive, au contraire des Rohingya de Birmanie. Le Pakistan et l'Arabie Saoudite les ont utilisés pour conduire en 2016 différents actions anti-birmanes à la frontière de ce pays. Les populations bouddhistes de l'Arakan ont eu de nombreux morts à la suite de ces attaques. Les terroristes ont ensuite attaqué plus de 30 postes militaires et de police birmans, tuant environ une douzaine de policiers. Le gouvernement birman a réagi de sa façon habituelle (et attendue), en incendiant des villages musulmans susceptibles d'abriter des terroristes.

Comme attendu également par la conspiration américano-saoudienne, des populations Rohingya ont fui en grand nombre vers le Bangladesh, tandis que les populations bouddhiste se réfugiaient dans la capitale de l'Arakan. Seules les premières ont attiré l'attention de l'opinion occidentale.

On peut penser cependant que ces mouvements de populations et les accusations portées contre le pouvoir Birman dans les médias occidentaux ne remettront pas en cause les projets birmano-chinois autour de l'OBOR. Les intérêts en cause sont trop importants pour que le gouvernement birman laisse fuir cette opportunité, en cédant à des provocations américano-saoudiennes prenant en otage les musulmans birmans.

Neocons Are About to Run Amok

peterlesplombs.jpg

Neocons Are About to Run Amok

Trump has made a deal with the devil; neocon foreign policies in return for backing on the domestic front

In the past few days, it became quite clear to me that Donald Trump made a deal with the Neocons in Washington. He traded part of his domestic agenda for ceding control of foreign policy to the D.C. establishment.

It’s obvious when you connect the dots. Signing the sanctions bill, the non-shift in Afghanistan policy, the tit-for-tat diplomatic aggression with Russia, weapons to Ukraine, etc.  I’ve written extensively about this. Graham is suddenly touting his Obamacare replacement bill.

But, taking Graham at his word what this means is that the whole repeal vote was nothing more than a setup, because in no way could they have put this together in the last few weeks.

Therefore, this was held back from Trump and the rest of Congress for the purpose of finalizing a number of foreign policy initiatives that Trump was hostile to, namely expanded sanctions on Russia and Iran and a troop surge in Afghanistan.

Remember, Graham said after Trump’s Afghanistan speech (cribbed almost verbatim from previous speeches made by National Security Advisor Gen. H. R. McMaster) that he was finally proud of his President.

These moves make sense only if you realize that Lindsay Graham and John McCain ran an operation on Trump that was all about regaining control of foreign policy at any cost. And the costs were enormous.

It goes farther than Obamacare. We’re talking tax cuts now. Graham also withheld crucial information about former FBI Director James Comey’s conduct during his investigation into Hillary Clinton’s email server last year.

And this may give Trump enough room to cut a deal with the GOP to pardon Julian Assange to corroborate Hillary’s crimes as Secretary of State. And all of that, in the end, is to the good. I’ll believe it when I see it but there’s the strong chance that a number of prominent people from the Obama administration and the DNC could wind up in jail.

Neutering Trump

Now, that said, none of that is important. Because what is important is Trump’s neutering as a change agent for foreign policy. You can disagree with me all you want but I do believe Trump was sincere in his desire to change the course of U.S. policy in Central Asia and Europe.

If he wasn’t then the U.S. ‘Deep State’ wouldn’t have been so apoplectic at his election. They wouldn’t have spent so much political capital in trying to rein him in. As that nexus, Trump has served us valuably.

Because now these people have been unmasked as to just how vile and depraved they truly are to a huge swath of the American public.  Trump, like Putin in Russia, will be able to play the victim card here. He’ll be able to say that this is all an external attack on him by traitors in the GOP.

He can still go to his base and weakly sell the Neocon’s agenda because that’s part of the deal.

But, it will ring false.

And very few in the base will believe it.

Moreover, many of them will gladly take tax relief and Obamacare repeal (or do I repeat myself?) for a few more thousand troops in Afghanistan and open conflict in Ukraine. Sad to say, but all politics stops at the water’s edge here in the States.

So, Trump will stump for reformers. He’ll focus on domestic improvements. And he’ll let them own foreign policy. Most Americans simply don’t care. And the GOP handing him domestic wins (which are necessary) plays to his long-term survival.  Remember Reagan.

Trump is not about to go to bat for Jeff Flake in Arizona. He’ll take the wins handed to him and play them for what they are worth while looking to the mid-terms and beyond.

Because if Lindsay Graham and John McCain think the old-guard, “uniparty” GOP leadership will survive the next three years, they are kidding themselves. The visceral hatred of these men here in the U.S. is beyond palpable.

What happens next, unfortunately, is not good.  We will have to suffer another couple of years of insane foreign policy from Washington. Russia will be treated like the world’s biggest leper colony while Putin, Xi and the rest of the opposition make strategic moves to divest themselves of Washington.

The Neocons will lash out everywhere. In fact, they are doing so right now. Winning makes you sloppy. Simply note the desperation of Israeli Prime Minister Netanyahu in the past two weeks to see how things are changing now that Syria is effectively settled.

Things are not as bad as they seem. Because with the military effectively running foreign policy in the White House there is little chance of a major war. This is the difference between having men who have seen battle making policy and those who only dream of it.

And when push comes to shove and Graham et.al. push too far, I have faith that Putin will step up and force the issue to its crisis, like he did in Syria multiple times. And that’s how this insanity ends. But, that’s not today.

Today, they will run amok to the detriment of us all.

Reprinted from Russia Insider.